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Dans une thèse de doctorat, Raphaël Okitafumba propose un cadre moral pour la paix intégrale en RDC

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Et si la satisfaction des capabilités centrales, c’est-à-dire des besoins de la population et l’avènement d’une justice équitable faisaient partie de solutions efficaces à l’épineuse question de la sécurité en République démocratique du Congo ? C’est ce que soutient Raphaël Okitafumba Lokola dans sa thèse de doctorat, présentée et défendue le 23 mars 2018 au Graduate Theological Union, Berkeley en Californie, aux Etats-Unis d’Amérique.

Ce chercheur congolais soutient qu’il n’y aura de shalom ou paix en RDC que lorsque cette société sera en mesure de défendre et de promouvoir toutes les capabilités centrales de sa population. « Shalom contre le Voile de la Guerre : Une Analyse Reconstructive de la Paix en République Démocratique du Congo », c’est le thème de sa thèse.

Dans cet ouvrage de plusieurs centaines de pages rédigé en anglais, le désormais Docteur en Philosophie a pris en compte la nécessité d’une justice transitionnelle en abordant toutes les questions relatives au voile de la guerre. «Cette justice transitionnelle contextuelle se concentrera sur la justice sociale qui donne la priorité à la réconciliation et le shalom des victimes et leurs communautés. Ces victimes ont le droit de panser leurs blessures et de restaurer leur agentivité morale. L’envergure de cette justice transitionnelle couvrira toute la durée de la victimation causée par le voile de la guerre qui inclue la période de la colonisation, l’époque de la dictature Mobutienne et le temps de la guerre », explique-t-il.

Considérant que l’approche descendante de cette justice transitionnelle privilégiée par le gouvernement congolais s’est terminée en fiasco, Docteur Raphaël Okitafumba suggère aux acteurs non-étatiques dont la société civile et l’Eglise, de ré-initier ce projet de justice transitionnelle en exploitant une approche alternative. Celle-ci se veut une approche ascendante, c’est-à-dire locale en profondeur.
« Cependant, sans une justice transitionnelle patiente, minutieuse et complète, tout effort de redresser le voile de la guerre en RDC risquerait de répéter les approches superficielles et inopérantes que nous avons critiquées ci-haut. Un aphorisme Otetela décrit cette superficialité en termes de « Dɔɔmbɔ ladiko wa tonya », c’est-à-dire “mettre un pansement au-dessus du pus.” Il est évident que cet aphorisme décourage cette procédure médicale parce qu’elle est purement et simplement préjudiciable à la santé de l’organe infecté. Cette intuition signifie que la RDC ne peut plus endurer un plâtre supplémentaire au-dessus de son affreuse plaie », insiste ce prêtre catholique du diocèse de Tshumbe, Sainte Marie dans la province du Sankuru.

Pas de paix sans justice sociale

Conscient du caractère religieusement hétérogène de la société congolaise, il a trouvé une approche philosophique (sociale et politique) qui interprète et traduit adéquatement l’irréductible polysémie et l’ordre éthique du thème biblique de shalom. Cette approche est sous-tendue par les capabilités de la célèbre philosophe américaine Martha Nussbaum.

Pour cette dernière, la justice sociale et la politique décente consistent dans le fait de « garantir à tous les citoyens au moins un seuil de ces dix capabilités centrales : la vie ; la santé du corps ; l’intégrité du corps ; les sens, l’imagination et la pensée ; émotions ; la raison pratique ; l’affiliation ; la relation avec les autres espèces ; le jeu ; et le contrôle sur leur environnement politique et matériel».

Ainsi, Raphaël Okitafumba fait la proposition d’un cadre moral pour bien aborder la question de la paix intégrale en République démocratique du Congo. « L’étape initiale de ce cadre a consisté dans la reconnaissance du fait que la guerre ne se produit pas ex nihilo. Il y a toujours des situations qui déclenchent ce phénomène.

De notre point de vue, ces circonstances tournent souvent, si ce n’est pas toujours, autour des questions réelles ou présumées de justice. Dans ce contexte, une approche généalogique est utile pour déconstruire le récit de la guerre en élaborant un exposé approfondi et détaillé des facteurs et des acteurs impliqués. C’est après une pareille présentation que la proposition d’un nouveau cadre d’analyse et de solution peut devenir intelligible », fait-il savoir. Vous pouvez lire le résumé de sa thèse ici.

Robert Djanya

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