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RDC: Trois raisons de ne pas croire à la tenue des élections le 23 décembre 2018

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Le grand rendez-vous de l’histoire du peuple congolais avec l’alternance politique au sommet de l’Etat doit théoriquement avoir lieu le 23 décembre 2018. Mais à deux semaines du début de la campagne électorale, il y a encore énormément à faire, plus que ce qui est fait et, tout porte à croire que le scénario inscrit dans le calendrier électoral de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) risque de n’est pas se produire.. De quoi être sceptique sur la possibilité de respecter la date de la tenue des élections.

Si les électeurs ont été recensés et les candidats à tous les scrutins enregistrés, la mobilisation des ressources nécessaires et la logistique posent problème. Le manque de consensus politique sur l’utilisation de la machine à voter et les 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales renforcent le doute sur le respect de l’échéance. Voici trois parmi tant d’autres raisons de croire qu’il est de plus en plus difficile d’organiser les législatives provinciales et nationales et la présidentielle à la fin de cette année.

Une logistique déficiente

Pour couvrir l’ensemble du territoire national, la CENI a prévu d’installer 80 000 bureaux de vote pour autant de machines à voter plus 24 000 machines de réserve pour faire face à des pannes éventuelles, ce qui fait un total de 106.000 machines.

Au début de ce mois d’octobre, elle a réceptionné 20 conteneurs et attend d’autres lots des matériaux électoraux. « Du 6 au 30 octobre, nous allons recevoir chaque trois jours les matériaux électoraux. Jusqu’au mois de novembre. Il ne nous restera qu’une petite partie que nous acheminerons par avion. Que personne ne vous trompe, le 23 décembre il y aura élections et tout le monde va voter », déclarait le Président de la centrale électorale, Corneille Nangaa à cette occasion.
Malgré cet optimisme qui contraste avec la realite, plusieurs questions sur la machine à voter restent sans réponses à ce jour.

Il s’agit entre autres de celles concernant sa fiabilité, le défi logistique que représente son utilisation ou encore le problème d’acheminement d’abord à Kinshasa et ensuite dans les 80.000 bureaux de vote dans un pays dont l’état des routes laisse à désirer.

A ce propos, il faut dire qu’aucun des hélicoptères qu’auraient commandés la CENI ne serait disponible.
Dans ce même registre, il faut prendre en compte l’utilisation de la machine à voter dont les séances de sensibilisation des électeurs se font jusque-là par « échantillonnage » alors qu’elles sont censées être autant populaires que le vote.

Quant aux véhicules, il est difficile de savoir combien ont été achetés et combien sont prêts. Même chose sur le taux de financement du processus électoral par le Gouvernement étant donné que la CENI communique peu là-dessus. Tout ce que l’on sait, c’est que pour atteindre certains coins du pays par voie terrestre, il faudra compter entre deux semaines et trois semaines, voire un mois.

Absence du consensus politique sur la machine à voter

Craignant des fraudes et des dysfonctionnements, l’opposition congolaise est contre l’utilisation de la machine à voter. Très critiques envers cette technologique qu’ils appellent « machine à voler », certains candidats à l’élection présidentielle ont récemment quitté la table de discussions avec la CENI sur ses aspects techniques.

De leur côté, des experts de l’organisation britannique Westminster Foundation for Democraty qui ont analysé la machine à voter ont publié un rapport peu flatteur sur la CENI et formulé 15 recommandations pour « atténuer les risques dont l’impact et la probabilité sont les plus élevés ».

Ils se sont montrés particulièrement très clairs lorsqu’ils ont recommandés que soient désactivées les communications externes, carte sim et wifi, du moins jusqu’au moment où celles-ci seront nécessaires.

La grogne contre la machine à voter est aussi sociale. C’est ce que l’on peut dire en se référant à la chanson anti machine à voter chantée au stade des martyrs le week end dernier à l’occasion de la rencontre entre l’équipe nationale de football de la RDC et celle du Zimbabwe(1-2).

La question de 10 millions d’électeurs sans empreintes digitales empoisonne elle aussi les relations entre l’opposition et la CENI. Conscients que ce sont environ 16% des électeurs qui sont en jeu, les opposants se montrent intransigeants et visiblement, les plus radicaux d’entre eux ne sont pas prêts à aller aux élections sans avoir obtenu toutes les assurances nécessaires.

Mais au regard de l’opiniâtreté des gestionnaires de la CENI, on a de quoi penser que ces assurances n’arriveraient jamais. La décrispation politique conformément à l’Accord de la Saint sylvestre fait aussi partie des questions qui fâchent.

Bref, le climat politique est très délétère entre l’opposition et la Majorité présidentielle/FCC ; deux camps aux extrêmes et une commission électorale nationale pas du tout indépendante au regard de l’arrogance qui caractérise son Président. « Je vois mal les élections se tenir dans un climat où l’opposition refuse de faire de concessions et le FCC se comporte en défenseur de la CENI et vice-versa », constate un analyste.

Insécurité et Ebola

« La situation de l’épidémie d’Ebola est désormais catastrophique à Béni ». Cette déclaration du Directeur de la riposte contre la maladie à virus Ebola dans la province du Nord-Kivu, Docteur Bathe Ndjoloko en dit long sur l’ampleur de la contagion de cette épidémie.

D’ailleurs, une deuxième vague de l’épidémie a été signalée, des équipes soignantes agressées…Autant dire que la situation sanitaire est très grave. Selon les statistiques du Ministère de la Santé, le cap de 200 cas et 100 décès a été franchi. Autant de mauvaises nouvelles qui pourraient servir d’argument à la CENI pour demander un report des élections.

D’autre part, la situation sécuritaire dans la partie est du pays, polluée par de nombreux groupes armés et milices n’est pas de nature à arranger les choses. A cela s’ajoute la vague d’expulsions des congolais réfugiés en Angola.

RD44

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