Home Economie Gestion des frais alloués aux entités territoriales décentralisées : L’ancien Gouverneur du Sankuru parle de son expérience

Gestion des frais alloués aux entités territoriales décentralisées : L’ancien Gouverneur du Sankuru parle de son expérience

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Premier gouverneur de la toute nouvelle province du Sankuru, Prof Berthold Ulungu n’avait pas la tâche facile. Aujourd’hui Sénateur, il regarde avec une certaine distance l’incapacité de son successeur, Joseph Stéphane Mukumadi,  à proposer des solutions aux nombreux défis auxquels il est confronté. Interview.

Alternance.cd: Le Sankuru fait partie des provinces les plus enclavées. Qu’avez-vous fait durant votre mandat pour améliorer la situation économique et financière et augmenter les recettes de la province ?

Un début de réponse a été fourni à la question 2. Indiquons toutefois qu’à notre arrivée au Sankuru aucun aéroport n’était opérationnelle. Nous avons entrepris de reprofiler la piste de l’aéroport de Lodja pour permettre à la Compagnie Civile d
’Aviation (CAA) de fréquenter cet aéroport après 6 d’inactivité. Pendant toutes les saisons sèches, les principales routes de la Province dont la RN7 (Dibele à Lodja) et RN42 (Mutombo-Dibwe à Lubefu via Lusambo) ont toujours été entretenues par cantonnage manuel. La vétusté des routes exige d’énormes moyens techniques ce qui nous a poussé à investir dans la réparation des engins de la Brigade routière de l’Office des Routes installé à Bena-Dibele avec l’aide d’un digne fils de la province et à signer un partenariat avec la société AIRIS pour un entretien permanent d’un tronçon de la RN7 contre paiement d’une taxe de trafic au péage.
Pour ce qui concerne le volet économique, il faut ajouter que la situation politique nationale influait négativement non seulement sur le Sankuru mais aussi pour les provinces de la même catégorie c’est-à-dire celles qui sont enclavées et qui ont hérité d’anciens chefs-lieux de Districts telles la Tshuapa, la Mongala, le Kwango, la Lomami. Dans celles-ci, le paradigme « argent appelle l’argent » a joué en notre défaveur. En effet, comment trouver des investisseurs en ces années électorales ?

Nos sources indiquent qu’une partie des frais destinés aux Entités Territoriales Décentralisées (ETD) resteraient à Kinshasa. Pouvez-vous expliquer à la population du Sankuru quel est le l’enveloppe que le gouvernement central alloue au fonctionnement des institutions provinciales et des ETD ? Et comment ces frais étaient gérés sous votre mandat ?

Faux. Aucune partie de frais ETD ne restait à Kinshasa. Pourquoi et chez qui ? C’est de l’intox. Les fonds arrivaient à l’agence de la Banque Centrale du Congo à Lodja dans le compte de l’Ordonnateur Délégué du Gouvernement nommé par le Ministère National des Finances.
La hauteur de l’enveloppe allouée par le gouvernement central aux institutions provinciales ainsi que les ETD est fonction de la loi des finances de chaque année. La dernière année, les institutions provinciales recevaient environ 354.000.000 FC tandis que les ETD touchaient 108.000.000 FC.
Chaque institution ou entité gérait ses ressources financières conformément à la loi et à la réglementation en la matière.
Pour notre part, l’utilisation était diversifiée en fonction des urgences et tenant compte de notre vision coulée dans le programme d’actions. A titre d’exemples : on a réparé et ramené les véhicules issus du démembrement à Lusambo ; acheté des motos à tous les administrateurs territoriaux, les chefs des secteurs et quelques chefs de groupement ; on a acheté deux véhicules tout terrain pour la Police ; on a stoppé les érosions de Lusambo-ville, Dibele, Lodja, Katako-Kombe, Wembo-Nyama ; on a construit un aérogare et un guest-house à Lusambo ; on a acheté des outils pour l’agriculture (houes, machettes, bèches, râteaux). Qui oubliera le deuil provincial en mémoire de notre héros culturel « Papa Wemba » et en prélude à la conférence économique que nous préparions, une équipe composée de 6 journalistes de la RTNC a sillonné le Sankuru pendant 2 semaines dans le cadre de l’émission «d’une commune à l’autre» en vue de susciter des vocations dans la diaspora en faveur de leur province d’origine, voyage à Séoul en République de Corée du Sud accompagné du Président de l’Assemblée Provinciale et du DG de la SNEL pour des projet portant sur l’électrification en photovoltaïque et j’en passe …

Comment expliquez-vous les dettes de la province du Sankuru auprès de certaines sociétés privées à l’instar de l’Agence Chrétienne du Sankuru (ACS) de Monsieur OPOTO et l’UAC dont on vous accuse d’avoir amené à Kinshasa des meubles de bureaux destinés au gouvernorat?

En quittant la province, notre dette intérieure ne dépasse pas les 20.000 USD en 3 ans d’exercices pleins. Vous êtes certainement au courant de l’ardoise laissée dans certaines provinces. La dette auprès de ACS de Opoto est relative à des transactions sur le transport des personnes et des biens au profit de la population et pour le bon fonctionnement des services, le gouvernement provincial devait s’assumer. Des compensations étaient prévues. Comme à l’accoutumée, le gouvernement central donne des tonnes de matériels didactiques et des bulletins à la division de l’enseignement du Sankuru ; la PNC dote la Police provinciale du Sankuru d’uniformes et armes non létales, l’ANR dote sa direction provinciale des motos mais la charge du transport est laissée aux bons soins de la province ainsi faute de liquidité on recours à ce genre d’opérations avec les transporteurs attitrés.
La province ne doit plus un seul rond à l’UAC. Je vous informe que les meubles achetés chez UAC se trouvent à Lusambo et au bureau de représentation de la province à Kinshasa et nulle part ailleurs. Chez moi à Kinshasa il n’existe pas de meubles de l’UAC ni acheté localement, ni provenant du Sankuru. C’est de la délation.

Êtes-vous convaincu que votre mentor, l’Honorable Lambert Mende, savait que votre nom n’était pas retenu sur la liste des candidats de votre regroupement ALLIANCE aux législatives provinciales, vous laissant battre la campagne jusqu’à la veille de la tenue de ces scrutins ?

Je ne sais pas où vous voulez en venir avec cette question. Dans tous les cas, retenez que mon mentor l’Honorable Lambert Mende est l’un des hommes parmi les plus intelligents, politiquement parlant, de sa génération. Comment aurait-il pu me contrarier sachant que ce faisant il fragilisait ses propres intérêts politiques ?
Via un petit raisonnement par l’absurde, je conclus qu’il ne le savait pas. Je suis conforté par le fait qu’il m’a laissé postuler comme candidat Sénateur de son regroupement politique.

Interview réalisée par RD44

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