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A qui profite le sous-développement de la province du Sankuru ? (Tribune de Jean Yves Nyima)

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A qui profite le sous-développement de la province du Sankuru ? (Tribune de Jean Yves Nyima)

La province du Sankuru figure sur la queue de provinces les plus reculées de la République Démocratique du Congo. La population vit dans une misère sans précédente exacerbée par le manque d’eaux potables, l’électricités, des infrastructures sanitaires, routières, aéroportuaires…bref, tout est en lambeau et même les bâtiments administratifs date de l’époque coloniale.

Devant ce tableau sombre de l’histoire, l’on se pose la question de savoir à qui profite cette situation de précarité ?

Depuis l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, la province de Patrice Emery Lumumba n’a connu aucune avancée sur le plan politique, économique, social, sanitaire, etc. le sous-développement a élu son domicile sur tous les aspects de la vie humaine. Lorsqu’on observe de très près cette situation, on remarque tout de suite que les différents conflits de leadership qui oppose ses élites politiques vivant à Kinshasa seraient parmi les facteurs à la base de cette descente aux enfers.
Durant des années, les sankurois et sankuroises se sont opposés les uns contre les autres dans un conflit autrefois qualifié de coutumier ou encore des gens de la forêt contre ceux de la savane, sans aucune motivation rationnelle.

Ces affrontements ont coûtés les vies humaines à plusieurs concitoyens de ce coin et de dégâts énormes dont les stigmates sont toujours visibles jusqu’à ce jour.
Malgré cette situation de précarité criante, les leaders politiques de ce coin n’ont vraisemblablement pas encore tirés la leçon des années de conflits inutiles qui n’ont pas profités à la population qu’ils prétendent tous de travailler pour son compte.

On ne dira jamais assez, cette province qui n’a même pas un mètre de route bitumée, mais curieusement fait l’objet de plusieurs convoitises de la part de ses leaders politiques de tout bord. L’illustration la plus frappante avec l’élection du gouverneur de province ayant opposé le candidat Lambert Mende et le candidat Joseph Stéphane Mukumadi ; où la province était à deux doigts de réveiller ses vieux démons.
Apres cette élection, la province vit comme un véhicule suspendu dans un cric. Les institutions provinciales se trouvent dans un statut quoi indescriptibles suite à une crise institutionnelle créée de toute pièces. Les deux institutions phares de la province, à savoir l’assemblée provinciale et le gouvernorat n’émettent pas sur la même longueur d’ondes. Les incompréhensions, les malentendus, les prétextes se sont multipliés jusqu’à aboutir à la mise en accusation du gouverneur par l’assemblée provinciale à la cour d’appel.

Cette crise institutionnelle n’est profitable ; ni à l’assemblée provinciale qui a dans son actif aucun édit, aucune action de contrôle parlementaire de la gestion de projets non exécutés, aucune initiative allant dans le sens d’améliorer le quotidien de la population. Dans l’entre temps ses élus ont accumulés plus six mois d’impaiement de leurs émoluments. Ni au gouverneur de province, qui malgré quelques initiatives entreprises çà et là se trouve sur une route jonchée par les peaux de bananes ; encore moins à la population qui continue à croupir dans la misère.

Il est normal qu’il ait des incompréhensions, des conflits dans chaque société humaine; mais on reconnait la grandeur des humains lorsqu’ils sont capables de transformer une situation conflictuelle en opportunité. Nous pouvons sortir tous la tête haute de ce bourbier si on le transforme en opportunité profitable pour notre population.

Un chanteur populaire tetela Adula pena Djamba n’avait-il pas raison de rappeler aux leaders du Sankuru de n’est pas oublier leur terre natale et il poursuit : « lorsqu’un fils tetela est élevé en dignité, il va s’acheter de villas en France, en suisse, en Belgique et tourne le dos à son village natal pendant que ses parents souffrent sérieusement» c’est exactement la situation que nous vivons aujourd’hui au Sankuru.

Depuis près de 60 ans d’indépendance, les ressortissants de la province du Sankuru ont gravis les échelons jusqu’au sommet de l’Etat, mais ils n’ont jamais pensés à mettre en place une politique de désenclavement de leur province.

A l’absence d’une politique publique susceptible de développer et de désenclaver la province, nous assistons à des initiatives privées, notamment la construction de flats, de ponts, des maisons, des écoles, des postes de santé…pour leurs propres comptes. Ces initiatives ne peuvent être inscrites dans le cadre de l’action publique, car ils les font en privé avec un objectif précis. Et la population n’en tire pas grand-chose.
Devant ces tristes réalités, nous ne nous permettrons jamais d’affirmer la thèse selon laquelle l’assujettissement de la population à la misère ferait l’affaire des uns et des autres, afin de maintenir leurs hégémonies à travers une politique de la main tendue.

Par ailleurs, nous avons assisté ce dernier temps à de multiplicité d’initiative de caucus des élus du Sankuru qui ont été reçue par le Premier Ministre, puis par le Président de la République où les questions en rapport avec le développement du Sankuru ont été évoquées. Cette démarche a été saluée dans le sens où nos élus ont pris à bras le corps les problèmes qui bloquent le décollage de leur province.

Nonobstant les prérogatives constitutionnelles attribuées à chaque institution, les observateurs avertis se questionnent sur la justesse de cette démarche de nos élus nationaux qui, par ailleurs cuscute celle amorcée par l’Assemblée provinciale d’une part ; et d’autre par son opportunité en cette période où les efforts sont consentis pour l’éradication de la COVID19.

Dans cet ordre d’idées, les Sankurois bien informés s’offusquent sur le fait que la majorité de ces élus ont occupés de postes stratégiques depuis le régime de Mobutu en passant par celui de Laurent Désiré Kabila, et récemment de Joseph Kabila, mais ils n’ont jamais pensés au désenclavement du Sankuru. En tout état de cause, il n’est jamais trop tard pour mieux faire, mais le bénéfice de doute de reviendrait aux sceptiques.

La province du Sankuru se trouve à la croisé de chemin ; d’une part son élite politique qui n’a jamais su mettre en place les institutions provinciales susceptibles d’impulser son de développement ; et d’autres part une jeunesse pleine d’énergie qui n’est pas la bienvenue à la danse. Cette configuration n’augure pas bon ménage dans la mesure où, à la place des institutions fortes, nous y trouve des hommes forts dans chaque territoire qui veulent garder à tout prix leurs mains mises dans la province, d’où la confusion et la cacophonie.

Cette tribune n’a aucune prétention de s’ériger en tribunal pour juger quiconque, elle interpelle les ressortissants du Sankuru à la prise de conscience afin de remettre notre province sur le rail ; car aucune société humaine n’adopte le sous-développement comme mode de vie. Mais néanmoins, nos actions peuvent amener notre société vers le sous-développement comme le cas au Sankuru.

Jean Yves Nyima

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