Home Politique FCC, Union sacrée ou l’épopée de deux géants aux pieds d’argile : analyse tranchante de Matata Ponyo

FCC, Union sacrée ou l’épopée de deux géants aux pieds d’argile : analyse tranchante de Matata Ponyo

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Au fil des années, ceux qui l’ont connu estiment que l’indépendance d’esprit de Matata Ponyo est restée la même, dans une classe politique congolaise où le conformisme est la règle si l’on veut être dans la mangeoire.

Dans un contexte où tout ce qui concerne l’Union sacrée pour la Nation en gestation est perçu en blanc, il alerte les sociétaires que cette nouvelle initiative doit éviter d’être un fourre-tout, pour ne pas connaître le sort du Front Commun pour le Congo. Félix Tshisekedi serait-t-il prêt à écouter le conseil du Premier ministre honoraire ?

Au fil des jours, à une vitesse accélérée, l’Union sacrée a enregistré des vagues d’adhérents de tous bords. Cette invention du Président de la République est naturellement prisée par son camp politique CACH, et curieusement tout autant par de membres du FCC.

Membre, jusqu’à la preuve du contraire du FCC, Matata ne craint pas pour affirmer qu’il avait dit aussitôt après sa création, que le Front Commun pour le Congo est une « structure hétérogène, qui ne pouvait jamais prétendre à l’unité ».

Dans une tribune publiée dans la Revue Congo Challenge cette semaine, Matata Ponyo prévient le Chef de l’État du risque que l’Union sacrée encourt en accueillant aveuglément les anciens sociétaires du FCC.

Une autopsie sans complaisance du FCC

Contrairement à certains acteurs politiques qui se montrent peu bavards sur les raisons de la descente aux enfers du FCC, Matata est un électron libre dont la liberté de parole fait passer un vent de fraicheur inédit dans la politique congolaise.
D’où son autopsie sans complaisance du FCC. « Ce que je pense est que le FCC était un mort-né, et je l’avais dit aussitôt qu’il a été créé. Il ne fallait pas être prophète pour le prédire. Un simple examen de sa structuration à la création suffisait pour le comprendre: le FCC est un conglomérat de plusieurs groupements politiques et personnalités venant de tout bord. De la majorité présidentielle et de l’opposition. De la droite, de la gauche et du centre. Il y avait de lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes, bembistes, kengistes, kabilistes, et des opportunistes », fait-il remarquer.

A première vue, on risquerait d’être tenté de dire que l’ancien Premier ministre cherche à séduire Félix Tshisekedi en vue de se faire une place dans l’arche de l’Union sacrée pour échapper à la pluie qui s’abat sur le FCC. Olivier Mwange, un de ses anciens conseillers au collège politique, dit non et affirme que l’homme est resté le même !

En effet, même à l’époque où il dirigeait le Gouvernement, l’homme ne craignait pas de s’en prendre aux totems de sa famille politique et à des idées toutes faites que personne n’osait remettre en question. On se souviendra, par exemple, qu’il avait secoué la kabilie en interdisant à certains faucons nommés ministres l’accès à la salle des réunions à cause du retard. Evariste Boshab, Lambert Mende et Triphon Kinkiey Mulumba peuvent en témoigner.
Le professeur Tshelo Lotshima, alors Ministre de l’Enseigenement Supérieur et Universitaire, était révoqué pour insubordination ! On se rappellera en outre qu’avec sa rigueur, Matata avait notamment refusé de payer les indemnités de sortie des anciens collaborateurs du Bureau Kamerhe, réclamées jusu’à ce jour. S’agissant de ce dossier, étant ministre des finances, l’homme à la cravate rouge avait reconnu avoir payé cette enveloppe au bureau ayant succédé celui de Kamerhé.

Il a aussi refusé le doublement de la rémunération des députés nationaux. Ce, en dépit des menaces de mort qu’il recevait et même du refus de voir les véhicules constituant son cortège pénétrés le Palais du peuple, alors qu’il allait déposer le projet du budget à l’Assemblée nationale.

Le conseiller Mwange se rappelle du communiqué signé par la primature, sous Matata, doigtant son propre camp politique d’organiser des émissions à la RTNC pour le déstabiliser.

Ainsi, avait-il déclaré, après son départ de la primature, qu’il naviguait « dans des eaux infestées de crocodiles », et que ses adversaires étaient dans son propre camp, la Majorité Présidentielle (MP).
Ces derniers, avec leurs cris d’orfraies, n’avaient pas ébranlé Matata Ponyo.
Preuve de sa cohérence, « l’homme à la cravate rouge » vient de sensibiliser le Président de la République en réveillant un débat qu’il avait lancé lorsqu’il voyait le FCC être piloté, mais qui n’avait pas été amené sur la place publique à cause du ronron conformiste qui régnait dans la famille politique de Joseph Kabila.

Ayant compris que les congolais ont besoin du changement et de la sincérité de ses dirigeants, Matata Ponyo ne donne pas des chances à la forme actuelle de l’USN. « Que peut-on faire avec les mêmes acteurs qui ont composé et animé le FCC et qui ont traversé la frontière pour rejoindre le CACH et former l’Union sacrée ? Certains d’entre eux déclarent tout haut avoir été débauchés en contrepartie des sommes d’argent alléchantes. D’autres disent y aller sans y croire, si ce n’est pour chercher l’argent et les postes! », note Matata Ponyo.

Ne dépendant idéologiquement de personne, il attire l’attention des uns et des autres sur le fait que si le CACH a critiqué sévèrement le FCC, c’est à cause notamment de ces mêmes acteurs politiques qui hier, étaient les chantres du kabilisme et aujourd’hui deviennent les chantres du tshisekedisme. « Qu’est-ce qu’ils peuvent de mieux aujourd’hui dans l’Union sacrée qu’ils n’ont pas été en mesure de faire hier dans le FCC? Quel degré de loyauté auront-ils envers Tshisekedi, leur nouvelle autorité morale, qu’ils critiquaient sévèrement hier? Ne vont—t- ils pas faire la retraversée en 2023? », S’interroge Matata Ponyo.
C’est dire qu’il ose et croit ce qu’il dit. Reste à savoir si le Chef de l’État l’écoutera pour éviter que l’Union sacrée ne puisse mourir aussitôt née.
RD44

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