Home Politique Destitution de Sylvestre Ilunga et son Gouvernement: Joseph Kabila rattrapé par ses erreurs

Destitution de Sylvestre Ilunga et son Gouvernement: Joseph Kabila rattrapé par ses erreurs

14 min read
0
0

À partir de Lubumbashi où il s’est installé depuis un peu plus d’un mois, Joseph Kabila a suivi, comme de millions d’autres congolais, la destitution du Premier Ministre issu de son camp politique, Sylvestre Ilunga et de son gouvernement, ce mercredi 27 janvier 2021, par une écrasante majorité des Députés nationaux.

A l’espace d’une trentaine de jours, l’ancien Chef de l’État a assisté à l’écroulement du système politique qu’il a construit sur les sables durant environ 18 ans de son règne. Sa descente aux enfers a atteint la phase du non retour lors de la destitution des membres du bureau de l’Assemblée nationale dirigé par une de ses proches, Jeanine Mabunda.

Son successeur, Félix Tshisekedi, prend de plus en plus de pouvoirs. Avec le bureau de l’Assemblée nationale et dorénavant le gouvernement central à pourvoir, ce dernier a des arguments à béton à présenter à ses nouveaux alliés pour les convaincre de soutenir sa vision.

Et si c’était à refaire pour Joseph Kabila? Retour sur six des faux pas majeurs qui ont plombé l’Autorité morale du Front Commun pour le Congo et sa famille politique. Deuxième volet de notre chronique hebdomadaire sur les grotesques erreurs de Joseph Kabila qui ont précipité la descente aux enfers de son camp politique et qui pourront l’effacer de la scène politique.

1. Séparation avec le Groupe des Sept leaders (G7)

Ils avaient soutenu Joseph Kabila et avaient occupé des postes importants. Mais pour lui avoir écrit trois lettres en février, mars et septembre 2015, lui demandant notamment de ne pas prolonger son dernier mandat Constitutionnel, ils ont été déclarés auto exclus de la majorité présidentielle. Sept leaders regroupés au sein de ce qui a été appelé Groupe de 7( G7) étaient devenus des ennemis jurés de la Kabilie.
Charles Mwando Nsimba, Pierre Lumbi, Christophe Lutundula, Olivier Kamitatu, José Endundu, Dany Banza et Gabriel Kyungu étaient devenus personae non grata dans la Cour de Kabila. Tous ou presque ont vu leurs gardes retirées.
La suite de l’histoire a confirmé qu’ils avaient raison de militer pour le respect de la Constitution et l’alternance au sommet de l’Etat.

2. Non tenue des élections dans le délai Constitutionnel et répression violente des manifestations

À défaut de briguer un troisième mandat, Joseph Kabila a réussi à prolonger de deux ans son dernier mandat. Pour y arriver, il a dû compter sur une partie de l’opposition qui a intégré le pouvoir et l’église catholique grâce à l’Accord de la Saint Sylvestre. Cet accord n’ayant pas été respecté, des manifestations ont été organisées par la société civile et le reste de l’opposition, lesquelles ont été violement réprimées.
C’est dans ce contexte de répressions que des activistes des mouvements citoyens et de la société civile, entre autres Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala ont été tués. Autant de vies qui pouvaient être préservées s’il y avait eu des élections dans le délai Constitutionnel. On se souviendra qu’à le Ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement de l’époque, l’actuel pro Tshisekedi Lambert Mende a parlé sans rire des « kuluna » qui perturbaient l’ordre public. Il vantait avec tout le sérieux du monde le professionnalisme de la police nationale congolaise dont certains éléments avaient la gâchette facile.

3. Mauvais casting des collaborateurs

Après avoir déclaré qu’il avait besoin de quinze collaborateurs, Joseph Kabila n’a pas envoyé des signes qui pouvaient confirmer qu’il était réellement en quête de bons collaborateurs. Pour cause, rares sont ses collaborateurs supposément mauvais qui ont été sanctionnés. Question: peut-on prétendre être à la recherche des bons collaborateurs sans sanctionner des membres de son entourage qui se meconduisent? La réponse est non.

A ce propos, force est de constater que plutôt que de promouvoir des technocrates rigoureux, compétents et soucieux de l’intérêt général, l’ex locataire du Palais de la Nation s’est contenté de s’entourer d’un groupe de faucons dont il n’a jamais maîtrisé le fonctionnement. Emmanuel Shadary, Aubin Minaku, Néhémie Mwilanya, Évariste Boshab et Adolphe Lumanu, parce que c’est d’eux qu’il s’agit, se considéraient plus comme actionnaires d’abord de la MP et ensuite du FCC que comme collaborateurs du Chef de l’État. Autant dire que pour eux, le bien-être de la population revenait après la recherche du prestige et de leurs propres gains personnels.

4. Exil forcé de Moise Katumbi

L’une des rares personnalités de l’ex majorité présidentielle qui pouvaient faire face aux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle, Moïse Katumbi était devenu l’ennemi juré de Joseph Kabila et de sa famille politique. Embourbé dans une fausse affaire de mercenaires, empoisonné avant d’être évacué à l’étranger, il a été interdit de rentrer au pays par le régime de Joseph Kabila. Il a fallu attendre l’avènement de Félix Tshisekedi pour que l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga rentre en RDC.
Entre temps, le dauphin du Président sortant, Emmanuel Ramazani Shadary a fait piètre figure, se classant troisième à l’élection présidentielle de décembre 2018.
Il devenait de ce fait le tout premier candidat du pouvoir en Afrique, à échouer à une élection présidentielle. Ce, alors qu’il avait tout pour réussir : les moyens financiers, logistiques et les ressources humaines ainsi que les moyens de l’État (entreprises publiques, armée, la police, services d’intelligence etc.) et même réussi à obtenir un projet de thèse confectionné par un professeur promoteur d’une université à l’intendance. Aux dernières nouvelles, celui qui se fait appeler « Coup sur Coup » serait en pourparlers avec le professeur qui l’a fait nommer Assistant afin d’occuper le poste de Recteur d’une université nouvellement créée à Kinshasa. Comme tout passe vite dans la vie !

5. Débauchages au sein de l’opposition

Durant les dernières années de son dernier mandat, l’ex Chef de l’Etat congolais avait littéralement dépouillé l’opposition. D’abord le MLC avec les départs de Thomas Luhaka, Germain Kabinga, Omer Egwake et consorts après les concertations nationales, puis la bande à Jean-Lucien Bussa, José Makila, Badibanga, Tshibala, Lisanga Bonganga, Joseph Olengankoy et d’autres, Joseph Kabila avait en quelque sorte accepté de partager un même toit avec ceux qui voulaient sa peau. Loin d’être affaiblie, l’opposition s’est renforcée et a même été appuyée par le comité laïc de coordination qui a fait ses preuves lors des manifestations organisées entre 2016 et 2018.
C’est dans ce contexte que la plateforme LAMUKA a vu le jour et a vu son candidat Martin Fayulu mobiliser plus que le candidat du pouvoir tant pendant la campagne électorale que dans les urnes.
Tenant compte de ces erreurs et d’autres qui feront l’objet du troisième volet de cette chronique, il paraît évident que Joseph Kabila est en grande partie responsable des échecs qu’enregistre actuellement sa famille politique.

ALTERNANCE.CD

Load More Related Articles
Load More By Admin
Load More In Politique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Check Also

Gouvernement: après les regroupements politiques, place aux organisations féminines

La première ministre, Judith Suminwa Tuluka, a clôturé, vendredi 19 avril 2024, les consul…