Home Politique Imposition du Lingala comme première langue d’apprentissage au Sankuru: Lambert Mende proteste et interpelle la Banque Mondiale

Imposition du Lingala comme première langue d’apprentissage au Sankuru: Lambert Mende proteste et interpelle la Banque Mondiale

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Le choix porté sur le Lingala en lieu et place de l’Otetela comme langue du premier apprentissage des enfants au Sankuru suscite des vagues. Député national de cette province, Lambert Mende est dans tous ses états depuis qu’il a appris qu’une mission d’officiels du Ministère de l’EPST a été dépêchée sur place pour sensibiliser les enseignants en vue de l’utilisation du Lingala au détriment d’Otetela, qui est pourtant parlé par plus de 90% des Sankurois.

Ce lundi 15 février 2021, il a animé un point de presse pour fustiger cette initiative qui est soutenue par la Banque Mondiale, en dénonçant ce qu’il considère comme une agression culturelle et une volonté d’anéantir la culture et l’avenir de toute une province.
Devant des notables du Sankuru dont le Président de l’Assemblée provinciale et quelques élus nationaux, Lambert Mende a traduit la colère qui anime la population du Sankuru en paraphrasant le premier évêque congolais du diocèse de Tshumbe, Mgr Albert Yungu, qui avait en son temps, déclaré que « Si vous nous imposez une autre langue que la nôtre, nous allons nous révolter ».

Il estime que la décision du ministère de l’enseignement primaire, secondaire et technique rallume les feux de la discorde, car elle viole les droits culturels du peuple du Sankuru juste pour de raison des commodités de quelques décideurs de la Banque Mondiale.
« Je me demande pourquoi cette respectable institution dont on connaît le soin à bien préparer ses interventions aux quatre coins du globe se permet de sponsoriser avec autant de légèreté cette imposition de l’apprentissage forcé du Lingala dans l’enseignement fondamental dans la province entièrement tetelaphone du Sankuru, sans consulter ni associer les populations bénéficiaires dans la conception et la mise en œuvre d’un tel programme », regrette Lambert Mende.
L’élu du territoire de Lodja dénonce cette façon de faire qui selon lui, menace la survie socioculturelle des populations sankuroises.

Au dessus des sempiternelles querelles politiciennes Sankuroises

Conscient que les élites Sankuroises se querellent intempestivement pour leurs positionnements, le leader de la Convention des Congolais Unis(CCU) affirme que cette question transcende toutes les querelles.
« En ma qualité d’élu direct du Sankuru au Parlement, je dénonce cette façon de faire qui menace la survie socioculturelle des populations de cette partie de la RDC. J’invite mes homologues députés nationaux et sénateurs du Sankuru à se saisir de cette question sur pied de l’article 202 alinéa 23 de la Constitution qui aligne parmi les matières exclusives du pouvoir central « l’établissement des normes d’enseignement applicables dans tous les territoires de la République », a-t-il lancé.

Dans la foulée, celui qui a été proclamé meilleur élu national du Sankuru aux législatives nationales de 2018 a tenu à souligner que de nombreux ouvrages en langue Otetela ont été édités depuis plusieurs décennies et que des scientifiques ont traduit des textes philosophiques en Otetela, à l’instar d’un répertoire écrit de onze mille proverbes alors que certaines langues dites nationales n’en disposent même pas de deux mille. « Monseigneur Nicolas Djomo, l’actuel évêque du diocèse catholique de Tshumbe a adressé un message sur cette question à tous les élus et ressortissants du Sankuru. Il y rappelle sa démarche entreprise il y a quelques années auprès du gouvernement central pour obtenir que soit annexée la langue Otetela aux quatre langues nationales en vue du financement par la Banque Mondiale de la production et la distribution des manuels scolaires destinés à l’enseignement primaire au Sankuru », a-t-il indiqué.

Soigner son image…

Heureusement pour ceux qui sont contre l’imposition du Lingala comme première langue d’apprentissage au Sankuru, les manuels de Lingala qui y ont été déployés moisissent dans des entrepôts à Lodja.
« Imposer aux élèves du Sankuru une autre langue que l’Otetela comme langue du premier apprentissage induit l’anéantissement de la culture et de l’avenir de cette province. Une coopération, fut-elle multilatérale qui prive tout un peuple de la possibilité de penser, de sentir, de ressentir, de se de s’émouvoir et de s’exprimer dans la langue qui porte les caractéristiques de son histoire et de son identité intrinsèques est une hérésie », a asséné Lambert Mende.

Et à celui qui a été surnommé « l’homme au verbe facile » d’ajouter que « la remise en selle précipitée de ce programme simultanément avec le rapatriement annoncé des reliques du Héros National Patrice-Emery Lumumba et la mise en œuvre effective de Lumumbaville au Sankuru par le président de la République Félix Tshisekedi risque de diluer ce bel hommage de la nation au père de l’indépendance et de dresser de larges couches des populations de cette province contre le Chef de l’Etat et le nouveau gouvernement qu’il s’apprête à constituer ».

En tout cas, pour lui, le Lingala et même une autre langue nationale peuvent être enseignés en option à côté du français mais l’Otetela doit demeurer la première langue d’apprentissage des enfants au Sankuru. Sinon, soutient Lambert Mende, c’est que l’axiome
« Otetela keema fumbe’ » (Ndlr: l’Otetela ne peut pas être réduit en esclave), qui traduit l’esprit de résistance à toute politique de sujétion hérité par les aïeux n’a plus son sens. « Nous estimons que les problèmes qui se posent au secteur de l’enseignement au Sankuru sont bien connus. Ils sont relatifs essentiellement aux infrastructures scolaires, à la multiplication en nombre suffisant de manuels d’enseignement (y compris en Otetela) déjà existants et à une rémunération décente et à la motivation d’un nombre de plus en plus élevé d’enseignants consécutivement au programme de la gratuité de l’enseignement fondamental mis en œuvre par le président Tshisekedi », a-t-il renchérit.

De l’avis de ceux qui connaissent les réalités politiques du Sankuru, cette affaire est perçue comme une occasion pour Lambert Mende de soigner son image auprès de la population du Sankuru d’une part. De l’autre, l’ancien Porte-parole du gouvernement de la République confirme, à travers sa prise de position tranchée, qu’il est prêt à prendre des risques politiques pour le Sankuru. Ce, au moment où certains leaders de cette province refusent de se prononcer publiquement par peur de gâcher leurs chances de se faire nommer quelque part.

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