Le phénomène prend de plus en plus une allure inquiétante. Chaque mois ou presque, des dizaines de fonctionnaires de l’État sont privés de leurs salaires dans la province du Sankuru. Les banques commerciales chargées du paiement des salaires des agents du secteur de l’EPST sont particulièrement pointées du doigt dans la disparition des salaires.
Il n’est pas rare de rencontrer des fonctionnaires de l’État qui se plaignent de la disparition momentanée de leurs salaires. A Lodja, principale cité de la province du Sankuru, l’idée selon laquelle Kinshasa enverrait les salaires de certains fonctionnaires de l’État par délestage fait son petit chemin.
Plusieurs fonctionnaires du secteur de l’enseignement primaire, secondaire et technique et de la santé contactés par alternance.cd disent avoir été privés au moins deux à trois fois de leurs salaires par an.
« Depuis le début de cette année, ça fait deux mois que je n’ai pas été payé. Quand je vais à la banque, on me dit que Kinshasa n’a pas envoyé mon salaire et qu’il faut attendre le mois suivant », témoigne un agent du Secope.
Un autre fonctionnaire de l’État basé dans le territoire de Lubefu se plaint quant à lui du fait qu’il ne touche plus l’intégralité de son salaire depuis quatre mois. « Je suis fonctionnaire de l’État depuis 2011, raconte-t-il. Je ne perçois plus l’intégralité de mon salaire depuis le mois de mai 2021. Les agents de la banque où nous sommes payés m’ont dit qu’on ne m’envoie plus mon salaire à partir de Kinshasa mais que c’est eux qui s’arrangent pour me trouver quelque chose chaque mois ».
Contacté, le responsable d’une banque commerciale basée à Lodja reconnaît que certains fonctionnaires de l’État se sont plaints des ponctions opérées sur les salaires mais dit attendre de « preuves pour sanctionner les coupables ».
Des informations venant de Katako-Kombe renseignent que des agents d’une banque commerciale dont nous taisons le nom exigeraient jusqu’à la moitié du salaire à certains fonctionnaires de l’État. « Si vous refusez, on vous dira le mois prochain que votre salaire n’ était pas envoyé », déplore-t-on.
D’autres exigent aux fonctionnaires de l’État basés à Lodja de les suivre à des distances dépassant 100 km pour les payer. « Une fois là-bas, on vous donnera la moitié de votre salaire au motif que vous leur avez causé du retard », précise une des victimes de ce comportement malhonnête.
Junior Lomanga
