Home Politique Elles menacent de marcher pour exiger son départ: La ministre Irène Esambo dans le collimateur des personnes vivant avec handicap

Elles menacent de marcher pour exiger son départ: La ministre Irène Esambo dans le collimateur des personnes vivant avec handicap

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La ministre déléguée auprès du ministre des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité nationale, en charge des personnes vivant avec handicap (PVH) et autres personnes vulnérables, Irène Esambo Diata, est dans le viseur des associations de cette catégorie sociale. Elle est accusée d’être indifférente et insensible aux difficultés quotidiennes des personnes vivant avec handicap. Du coup, une marche de colère contre elle se prépare à Kinshasa.

Si les fonctionnaires et agents de l’Etat connaissent le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Fonction publique et modernisation de l’Administration publique, Jean-Pierre Lihau, il n’en est pas de même pour les PVH avec Irène Esambo.

D’après un reportage réalisé par alternance.cd dans des centres d’hébergement des PVH et les rues de Kinshasa, les espoirs qu’avait suscités auprès de 10 millions de congolais vivant avec handicap la création d’un ministère leur dédié ont cédé place au désespoir.

Plutôt une ministre en charge des PVH/VIP?

Selon Armand Osakala, président de l’Asbl dénommée « Abri Sûr », basée dans la commune de N’Djili, ce membre du gouvernement brille par une inaccessibilité qui frise une sorte de manque de considération envers cette catégorie sociale.

« Nous avons l’impression que la ministre Irène Esambo est plutôt une ministre déléguée pour les PVH/VIP. Vous pouvez de vous- mêmes mener vos enquêtes et vous constaterez que son visage n’est connu que des PVH qui résident les quartiers chics. Or, le Chef de l’Etat l’a nommée et reconduite à son poste pour les PVH de l’ensemble du pays », regrette-t-il.

Le responsable d’une autre organisation de PVH qui a requis l’anonymat se montre plus dur et estime que Irène Esambo ne respecte pas les PVH. « Ce que cette ministre fait est tout simplement inadmissible. Elle ne prend pas d’initiatives allant dans le sens de nos attentes. Nos difficultés au quotidien n’ont pas changé. Le gouvernement a par exemple acheté des nouveaux bus TRANSCO. Nous aurions voulu voir certains bus être aménagés pour permettre aux PVH de se déplacer sans difficultés. Cela n’a pas été fait », explique-t-il.

Innacessible et peu inspirée ?

Gilbert Luka(32 ans), qui a perdu l’usage de ses deux pieds à l’âge de 8 ans confie, très déçu, avoir compris que « seules les PVH issues de familles aisées ont la chance de bénéficier de l’attention de Madame Irène Esambo ».

A la question de savoir la raison d’un tel désarroi, Luka affirme avoir entrepris plusieurs démarches pour rencontrer la ministre Irène Esambo et/ou son cabinet pour leur présenter son projet de fabrication de souliers orthopédiques.

« Je me suis rendu plus de six fois dans son cabinet. Personne ne me prend au sérieux. Plus grave, on ne me donne même pas une chaise et je ne suis pas le seul handicapé à être si mal accueilli dans le cabinet de notre ministre déléguée », révèle-t-il.

A la place du 30 juin(ex- Gare centrale) dans la commune de la Gombe, un reporter d’alternance.cd a failli être giflé par un jeune vivant avec handicap, fou de colère à l’évocation du nom d’Irène Esambo.

Comme lui, une femme à la mobilité réduite habitant la commune de Kinshasa se dit prête à maudire la ministre déléguée en charge des PVH à cause selon elle, de son incapacité à changer la situation de ses semblables.

Entre temps, Irène Esambo semble focaliser ses efforts sur le projet de loi portant protection et promotion des droits des PVH. Celle-ci a été adoptée au Sénat sous réserve d’amendements de la commission mixte socioculturelle-PAJ.

Là aussi, de critiques pleuvent sur elle, notamment de la part de certains analystes qui considèrent ce projet de loi comme étranger aux concernés.

« Seules les PVH savent ce dont elles ont besoin pour leur épanouissement. On ne peut pas se confiner dans les bureaux climatisés de la Gombe et prétendre pondre un projet de loi sensé résoudre les problèmes que vivent au quotidien les pauvres handicapés qui habitent le Congo profond », note une avocate handicapée.

Pour elle, Irène Esambo ne connait pas les réalités des personnes vivant handicap habitant le Congo profond et même les quartiers populaires de Kinshasa même si elle est elle-même une PVH.

« Je suis de temps en temps au contact des prisonniers dans le cadre de mon métier. Allez voir les conditions dans lesquelles les PVH vivent dans les lieux de détention. Rien n’est fait et envisagé pour par exemple améliorer leurs conditions d’accès aux installations sanitaires. Pareil dans les écoles et universités où on continuent à construire des étages sans penser à l’accessibilité de cette catégorie sociale », renchérit-t-elle.

Pour toutes ces raisons, certaines associations des PVH se disent prêtes à sortir dans la rue en vue selon elles d’interpeller Irène Esambo.

Il faut noter que le rapport de l’OMS 2012 indique qu’environ 15% de la population congolaise vivent avec handicap, soit 13 millions de personnes. De ces chiffres, on compterait 7 150 000 handicapés moteurs (55%), 2 600 000 aveugles (20%), 1950 000 sourds (15%), 1 300 000 retardés mentaux et autres handicapés (10%).

La Rédaction d’alternance attend la réaction des services de la ministre Irène Esambo (déjà saisis quant à ce) avant de publier la deuxième partie de ce reportage.

Jean Pérou Kabouira

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