Les conducteurs de taxi motos de la ville de Goma inspirent le respect et la considération. Contrairement à leurs collègues de Kinshasa, réputés mal polis et mal propres, ils brillent par un comportement responsable, amical et serviable, qui ne laisse pas indifférent tout visiteur attentionné.
Sur les belles routes du centre-ville de Goma, il y a plus de motos que de voitures. Les motards maîtrisent les quartiers chics du chef-lieu de la province du Nord-Kivu avec ses résidences luxueuses et ses nombreux hôtels. Ils maîtrisent également les quartiers populaires et rares sont ceux qui disent ne pas connaître une adresse donnée par un client.
Sous une pluie fine, Gilbert T., conducteur de moto taxi est sollicité par une dame fraîchement venue de Kinshasa, pour l’amener à un restaurant de son choix. Il commence par essuyer sa moto, demande poliment à la dame de monter et la conduit à une vitesse raisonnable dans un restaurant réputé de la ville.
En cours de route, la dame se rend compte qu’elle a oublié son téléphone à l’hôtel et demande à son chauffeur de circonstance de l’y ramener. Sans piper mot, il s’exécute et prend même le temps de patienter sous la pluie pendant trois bonnes minutes. A leur arrivée au restaurant, elle lui tend deux billets de 1000 FC mais le chauffeur lui restitue un, en lui indiquant que le coût de la course est de 1000 FC.
« Non. On a fait un aller-retour à l’hôtel. Ça fait deux courses », s’eclame-t-elle dans un swahili approximatif.
« Non madame. On a fait une course et c’est 1000 FC », retorque-t-il avant de redémarrer sa moto et de partir.
Coopératifs et amicaux
Agréablement surprise, la dame Kinoise raconte l’anecdote à ses collègues dont un journaliste d’alternance.cd, qui décide sur le champ d’aller à la rencontre des motards de Goma.
La tête remplie de stéréotypes sur les conducteurs de taxi motos, il décide de visiter les principaux sites et lieux historiques de la ville. Il négocie une moto qui doit l’amener au Port, à la grande frontière avec le Rwanda en passant par le Rond Point Tshukudu avant de terminer sa petite visite aux laves du volcan au quartier Majengo.
Il demande au motard le coût global de l’itinéraire. Ce dernier lui explique combien coûte chaque course. « Je vous demande de me donner un prix global », lui dit-il.
« Bon, vous pouvez me donner 6000 FC », a réagi le motard. Il lui propose 5000 FC et l’affaire est conclue.
En cours de route, notre journaliste se rend vite compte que son chauffeur est très différent de motards de Kinshasa. D’abord, il accepte facilement les remarques, se montre amical et sent bon.
Ils n’ont pas tardé à s’étaler sur d’autres sujets et se sont convenus de se retrouver le lendemain autour d’un verre.
Voulant en savoir plus sur le comportement des motards de Goma, notre journaliste s’est donné la tâche de prendre dix motos différentes en une journée.
Son constat : « Ici, tout est différent de Kinshasa. Aucun motard ne s’est montré grossier avec moi ».
Il faut dire que dans la ville de Goma, il est interdit de transporter deux passagers et de rouler au-delà de 20 heures. Là aussi, les motards de Goma obéissent généralement à la décision des autorités urbaines.
Par ailleurs, tous les conducteurs de taxi motos interrogés affirment qu’ils ne font pas l’objet de tracasserie de la part des éléments de la police de circulation routière. Bien plus, il est rare de voir un conducteur de taxi moto griller un feu rouge à Goma.
JPK
