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Gouvernement Sama Lukonde : Une année de contradictions évidentes

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Investi le 26 avril 2021, le gouvernement Sama Lukonde, dit « gouvernement des Warriors », a totalisé un an depuis son investiture par l’Assemblée nationale. Entre les actions actives contenues dans le programme d’actions du Gouvernement ( PAD)et les réalisations, telles qu’ observées sur terrain, quelques enseignements peuvent être tirés de l’an un de ce gouvernement ? Et quelles sont les perspectives à court et à moyen terme? Analyse.

La nomination du gouvernement Sama Lukonde était intervenue à la suite de l’éclatement de la bulle politique FCC-CACH. L’événement avait suscité un regain d’espoir parmi les millions des congolais. Sauf que, une année après, la persistance et l’aggravation des problèmes dans plusieurs domaines de la vie nationale, ont commencé à semer le doute. Ce doute s’est tellement enraciné que, peu à peu, l’espoir a cédé place à l’inquiétude. La cristallisation de ces préoccupations est telle qu’aujourd’hui, la capacité espérée des « Warriors » à répondre efficacement aux attentes pressantes des congolais a été remise en cause.

Pour rappel, le programme d’action du gouvernement Sama Lukonde repose sur quinze piliers qui cible quatre secteurs à savoir, la pacification de l’est du pays, la reconstruction du pays, l’Etat de droit et le social.

Pas besoin de 5 ans

Certains hommes politiques, surtout lorsqu’ils sont au pouvoir, considèrent qu’il n’est pas pertinent d’évaluer l’action d’un gouvernement en l’espace d’un an. Ils avancent pour cela des considérations d’ordre technique, opérationnel voir politique. Ils ont peut-être raison en partie, car il faut effectivement du temps pour que certaines réformes puissent produire des effets.

Mais en même temps, il est aussi vrai qu’un gouvernement sérieux et talentueux n’a pas besoin de 5 ans pour endiguer par exemple le problème des embouteillages à Kinshasa, siège des institutions. Surtout lorsqu’il est de notoriété publique que ce phénomène est principalement causé par la délinquance routière de certains conducteurs.

Il ne faut pas 10 ans pour mettre fin aux problèmes de tapages nocturnes et diurnes dans les grandes villes du pays. La réduction du train de vie des institutions politiques ne requiert pas plus de 3 mois maximum pour être appliquée. Faut-il pas une décennie pour voir un gouvernement améliorer les conditions salariales des professeurs d’université, dont le nombre ne dépasse pas 2000 personnes, alors que ce même gouvernement n’a pas attendu un an pour majorer l’enveloppe des primes dites « invisibles » en faveur des membres du parlement ? Non, c’est une fausse excuse.

La première année du gouvernement Sama aura été caractérisée par une série de contradictions évidentes. Une année ponctuée par des promesses non suivies des faits. La première année aura été celle de la cohabitation entre la dégradation du bien-être de 99% et l’amélioration débordante de la situation de 1%.

L’an un des warriors c’est aussi ce contraste entre la proclamation d’un état de siège sur une partie du territoire national et l’accélération des massacres parmi les populations congolaises.

La contradiction la plus scandaleuse au cours de cette première année aura été celle relative à la proclamation de l’Etat de droit et la bonne gouvernance (axe 4 du programme du gouvernement) et l’institutionnalisation du « RAM », une taxe illégale, dont les encaissements n’ont jamais été retracés.

La première année des « Warriors » c’est surtout une économie qui n’a pas réussi à créer de l’emploi mais qui a pondu la hausse des prix de certains biens, érodant significativement le maigre pouvoir d’achat des ménages qui vivent sous le seuil de la pauvreté.

La question qui taraude tous les esprits en ce moment est celle de savoir ce qui a réellement changé de façon positive une année après la chute du gouvernement issu de la coalition FCC-CASH. Cette question tire son fondement de la kyrielle des décisions prises par le gouvernement, lesquelles se sont révélées toutes irrationnelles et incongrues les unes des autres. Est-ce que avant FCC-CACH n’est pas égal à après FCC-CACH, voire pire ? Si non, comment peut-on qualifier la posture d’un gouvernement, dit des « guerriers », qui décide de débourser une bagatelle somme d’environ 35 millions USD au titre de « don véhicule » en faveur des membres du parlement, une minorité se trouvant largement à l’abri du besoin, alors que dans plusieurs coins du pays des jeunes congolais continuent d’étudier à même le sol ?

En ce qui concerne la méthode de travail, le constat est que le gouvernement semble avoir navigué à vue. Il s’est illustré par des petites interventions isolées les unes des autres, disparates et non intégrées dans un cadre cohérent de planification. Des actions non pensées et non planifiées qui frisent plutôt du populisme. Durant cette première année, on a été en présence d’un qui agit comme agent myope œuvrant sans outil de pilotage crédible et sans cadre logique pouvant lui permettre de déterminer un cadre de suivi et évaluation pouvant lui permettre de déployer des plans d’actions pour mitiger les écarts identifiés.

On doit d’ores et déjà faire remarquer qu’un tel exercice est assez compliqué car, comme relevé supra, le programme du gouvernement de « Warriors » était présenté sous la forme d’un répertoire d’actions dépourvues d’un cadre logique et d’un chronogramme de mise en œuvre. Il sera ensuite question de faire de la conjecture ; un regard prospectif va être jeté sur les perspectives des fondamentaux de l’économie congolaise d’ici 2023, au regard de l’évolution de la situation en Ukraine.

Il sied de rappeler que la RDC reste une petite économie ouverte, fortement vulnérable au comportement de ses partenaires économiques. Structurellement, une grande partie de sa nourriture vient de l’extérieur alors que presque la totalité de sa production ne peut pas être consommée en interne. Nous allons y revenir dans la deuxième partie de cette chronique.

Mwange Didier

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