A dix mois des élections prévues en décembre prochain, l’Union pour la Nation congolaise (UNC) ne peut plus compter sur son ancien secrétaire général, Aimé Boji Sangara, actuellement ministre d’État au Budget.
En dépit de ses liens extra politiques avec Vital Kamerhe, il aurait décidé de voler de ses propres ailes. Ça s’appelle trahison. Et, il n’est pas le premier membre du gouvernement issu du parti de l’ancien président de l’Assemblée nationale à lui tourner le dos en plein exercice de son mandat.
Ça se chuchotait depuis des longs mois que Boji n’était plus avec VK, mais les deux hommes se sont parfois affichés ensemble.
Certains cadres de l’UNC suspectaient le ministre d’État en charge du Budget de privilégier les membres de sa fondation au détriment de ceux du parti dans les nominations au ministère. A tort ou à raison, ils redoutaient une démarche tendant à poignarder Vital Kamerhe sur le dos au moment où ce dernier sortait fraîchement de la prison et avait besoin du soutien de tous ses généraux.
Le temps semble leur avoir donné raison car, ABS tourne petit à petit le dos à son mentor. Mais apparemment, il ne veut pas y aller brutalement.
En effet, ceux qui l’accusent de trahison notent que le ministre du Budget a effectué le déplacement de Bukavu sans en avertir la direction du parti en vue de recevoir d’elle des directives.
Bien plus, il a choisi de porter des effigies du chef de l’Etat et d’ignorer celles du leader de l’UNC alors que l’on sait que lors de sa tournée Amani, VK n’a, pour de raison stratégique, pas voulu afficher les effigies du président de la République.
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Interprétation d’un expert en communication politique : « Aimé Boji dit indirectement à la population de Bukavu naturellement acquise à Vital Kamerhe, qu’il n’est plus à lui mais désormais il est au service de Félix Tshisekedi et que si elle veut bénéficier de l’attention du gouvernement, elle doit choisir son camp ».
Sur les traces de Kangundia…
D’ailleurs, dans son entourage, on estime qu’il a suffisamment des moyens pour affronter l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat dans son propre fief de Bukavu. « Erreur, s’exclame un habitant du chef-lieu du Sud-Kivu, qui fait remarquer qu’entre la population de cette ville et Vital Kamerhe, c’est quelque chose d’éternel ».
Qu’à cela ne tienne, Boji tenterait d’acheter la conscience de bukavutiens, en multipliant des actions de charité dans le cadre de sa fondation que l’on considère comme la première configuration de son prochain parti politique.
Heureusement que Vital Kamerhe semble être habitué à la trahison venant de ses protégés placés au ministère du Budget. Notez que depuis 2017, il a déjà perdu deux anciens secrétaires généraux (hormis Boji ) de son parti qui se sont rebellés contre lui. Il s’agit de Pierre Kangundia et de Jean-Baudouin Mayo, tous d’amis proches de longues dates.
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Si le premier est allé au bout de sa rébellion, en créant son propre parti politique, front congolais pour la démocratie (FCD), qui n’existe à ce jour que de nom, le second s’est ravisé, certainement après avoir compris que l’argent seul ne suffit pas pour prétendre diriger un parti politique et faire le poids dans le microcosme politique congolais. L’un et l’autre ne sont en réalité aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes.
Décidément, ce ministère est devenu pour Vital Kamerhe synonyme du jardin de Gethsémani, du nom du lieu où Jésus se trouvait quand Judas Iscariote, le traitre en chef, l’a désigné aux gardes en l’embrassant.
Reste à savoir si la prochaine fois qu’il aura l’occasion de proposer un nom pour occuper le juteux ministère du Budget, Kamerhe ne devra pas envoyer son épouse ou un de ses frères, question d’ être rassuré qu’il ne sera pas trahi. Après tout, l’ expérience assagit.
Jean Perou Kabouira
