Au lendemain de l’annonce du président rwandais, Paul Kagame, de son ambition d’annexer une partie du territoire congolais, plusieurs réactions ont été enregistrées côté congolais. Du porte-parole du gouvernement au président du sénat en passant par le citoyen lambda, c’est une interpellation quasi collective. Seulement, c’est du déjà entendu. Et, on vous explique pourquoi.
C’est au cours d’une conférence de presse organisée samedi dernier au Palais présidentiel de la Marina, au Bénin, lors d’une visite d’État, que Paul Kagame a finalement pris le courage de dévoiler l’ambition expansionniste de son pays.
« En ce qui concerne le M23 et toutes les personnes liées au M23, les congolais qui ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. Une partie du Rwanda qui a été donnée au Congo, le sud à l’Ouganda, etc. Nous avons une coopération qui existe déjà dans ces zones. Il y a déjà des liens qui existent entre les peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire », a-t-il déclaré.
En réaction, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a accusé le chef de l’État rwandais de vouloir transgresser l’histoire et de provocation.
« Paul Kagame, a-t-il tweeté, transgresse l’histoire, ses propos constituent une nouvelle provocation. Ce qu’il ne dit pas ce qu’il est la cause de l’insécurité à l’Est, créateur du RCD, CNDP, M23. Ce qu’il ne doit jamais oublier, c’est que nous défendrons chaque centimètre de notre territoire .»
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Lundi 17 avril, le président du sénat, Modeste Bahati, a à son tour réagi. Au cours d’une plénière axée sur l’adoption en seconde lecture du projet de loi portant prorogation de l’état de siège sur une partie du territoire national, il a plaidé pour la prise de conscience de la classe politique face aux ambitions expansionnistes rwandaises.
« Le complot ce n’est plus un secret, donc c’est connu mais maintenant il faut agir. Pour agir, nous devons tous être comme un seul homme nécessairement et pour le faire, il faut mettre de côté les sentiments, les questions politiciennes, les questions de repositionnement et tout ça, les gens se battent pour se positionner aux prochaines échéances électorales mais pour quel pays? Sauvons d’abord le pays », a-t-il lancé à l’attention de la classe politique.
Endoctriner les congolais
Pour certaines analystes, Paul Kagame a exprimé le point de vue d’une majeure partie de l’opinion rwandaise, qui considère certaines zones occupées par le M23 comme appartenant jadis ou déjà (c’est selon) à leur pays.
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« Il est urgent de réunir les scientifiques congolais pour concevoir et insérer dans notre système éducatif des cours obligatoires consacrés au conflit dans l’Est. Endoctrinons officiellement nos enfants. Kagame a dit ce que pensent des millions des Rwandais », a soutenu Seth Kikuni, candidat à la présidentielle de 2018 et président du parti politique Piste pour l’émergence.
D’aucuns pensent que depuis le déclenchement de la nouvelle phase de l’agression rwandaise via ses supplétifs du M23, les autorités congolaises ont beaucoup trop réagi.
« Il est désormais plus que temps d’agir pour sauver le pays », lâche un diplomate, qui croit savoir que les belles déclarations ne feront pas fléchir le Rwanda.
Jean Perou Kabouira
