En conflit avec le Conseil d’administration dont il est membre et en rébellion contre l’autorité de tutelle, le directeur général de l’Agence congolaise de l’environnement (ACE), Delphin Lama, multiplie les fronts. Vivant en animosité ouverte avec son adjoint, il est aussi dans le viseur de la délégation syndicale de cet établissement public. Celle-ci a saisi officiellement le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, pour lui faire part de bêtises de ce mandataire public.
Les congolais qui mettent en doute l’affirmation (stéréotypée ) selon laquelle les Sankurois en général et les tetela en particulier sont conflictuels n’ont qu’à observer le comportement de Delphin Lama pour s’en rendre compte. Tous les membres du Conseil d’administration de l’ACE sont unanimement d’accord pour dire qu’il est invivable.
Invivable avec le PCA qu’il a privé des frais d’installation, salaire, voiture de fonction et autres avantages.
Invivable avec le DGA qu’il asphyxie financièrement en lui privant de la quasi-totalité des avantages dûs à sa fonction. Invivable, Delphin Lama l’est aussi avec la ministre d’État à l’Environnement et développement durable, autorité de tutelle dont il ne respecte guère les orientations et les ordres.
Il a déjà refusé de répondre à une demande d’explication lui collée par la ministre sectorielle, Eve Bazaiba.
Invivable, enfin, avec la délégation syndicale, qui dit avoir épuisé tous les moyens à sa disposition pour le remettre sur la voie de la bonne gouvernance. L’intersyndicale a finalement résolu de s’en remettre à l’arbitrage du chef de l’État, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions.
En effet, face à ce qu’elle présente comme mort programmée de l’ACE, la délégation syndicale sollicite l’intervention personnelle du président de la République. Dans le mémorandum lui adressé, elle lui a fait part de plusieurs tares décelés dans la gestion de Delphin Lama.
«…la création d’une administration parallèle à travers la vingtaine de ses assistants ; le blocage du dossier de la prime permanente accordée par le trésor public au motif qu’il n’entretiendrait pas de bons rapports avec sa tutelle; le détournement de 3.800.000 USD dont 1.000.000 USD trouvé à la banque lors de la remise et reprise et qui se serait volatilisé, 2.500.000 USD de créances à recouvrer qui demeurent sans suite, et 300.000 USD destinés à l’achat de 8 véhicules 4X4 », peut-on lire dans ledit mémo.
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Il est aussi reproché à Delphin Lama : la délocalisation de la Direction générale sans autorisation de la tutelle et dont l’installation aurait coûté 300.000 USD à la trésorerie de l’ACE, assortie d’un loyer de 15.000 USD le mois; l’impaiement de plusieurs mois de salaire; l’engagement d’une centaine d’individus sans s’en référer à sa hiérarchie; l’opacité dans la gestion et trafic d’influence au nom de la Présidence de la République; l’insubordination à tous les niveaux, refus régulier de prendre part aux réunions du conseil d’administration; refus catégorique de mettre à la disposition du Conseil d’administration les documents de travail nécessaires pour son fonctionnement; la surfacturation de plusieurs notes de débits; monnayage et bradage des avis et certificats environnementaux; affairisme dans le chef de ses assistants mettant en péril le caractère technique et scientifique de l’établissement.
Au Conseil d’État contre une décision du Conseil d’administration
Ce lundi 27 mai 2024, une audience est prévue au Conseil d’État. A la barre, Delphin Lama, qui a saisi cette haute Cour administrative pour solliciter l’annulation de la demande d’ouverture d’une action disciplinaire avec mesures conservatoires, sollicitée à son encontre auprès de l’autorité de tutelle par le Conseil d’administration.
A ce sujet, le PCA de l’ACE, Crispin Ngbundu Malengo, a écrit ce qui suit à la ministre d’Etat à l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba:
« …à l’occasion de sa réunion ordinaire du 16 avril 2024, le Conseil d’administration de l’Agence congolaise de l’environnement, ayant constaté avec regret la témérité de monsieur le directeur général à vouloir bloquer le fonctionnement du Conseil d’administration et par ricochet de l’ACE, constaté par plusieurs défaillances documentées dans plusieurs correspondances dont vous avez été saisie, avait adopté une résolution visant à ouvrir le processus de le sanctionner, ce, conformément à l’article 45 de son Règlement intérieur ».
Pour le Conseil d’administration, en sanctionnant Delphin Lama, Eve Bazaiba rendrait un loyal service à la nation et sauverait l’ACE qui se meurt à petit feu, mais aiderait aussi le sanctionné à s’amender et à observer les différents textes régissant l’ACE.
DG et assistant personnel d’un particulier ?
Vous ne croirez pas ce que vous allez lire dans les lignes qui suivent. Mais c’est tout sauf un mensonge. Le directeur général de l’ACE serait aussi assistant personnel de Christian Tshisekedi. D’ailleurs, ça se chuchote que c’est le jeune frère du président de la République qui serait son parapluie protecteur.
C’est ce dernier qui l’aurait recommandé au poste de DG de l’ACE. Ce qui n’est pas un péché. Seulement, dans la tête et l’agir de Delphin Lama, le fait pour lui d’être proche de Christian Tshisekedi ferait de lui un super mandataire public, qui ne rendrait compte qu’à la présidence de la République, mieux à son patron précité. Quitte alors à bouder tout le monde, y compris l’autorité de tutelle !
Ceux qui connaissent Delphin Lama depuis l’Europe sont étonnés de constater qu’un ancien peintre (décorateur intérieur) bombardé directeur général d’un établissement public technique nargue et ses collègues membres du Conseil d’administration, et la ministre de tutelle et le personnel.
Pas étonnant qu’il sollicite les services de la Force du progrès, branche de l’UDPS/Tshisekedi, parti politique auquel il a adhéré pour sécuriser son poste, aux fins d’assiéger le siège de l’Agence congolaise de l’environnement pour terroriser les membres du Conseil d’administration.
Vivement l’intervention du président de la République, Félix Tshisekedi, pour sauver ce qui peut encore l’être au sein de l’ACE.
Pami Halele
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