
Le Sankuru semble être rattrapé par ses éternels problèmes de gestion. Alors que le nouveau gouverneur attend l’ordonnance présidentielle de son investiture pour entrer en fonction, le président de l’Assemblée provinciale, Lambert Makondjo, livre les premiers signaux de ce qui pourra être la gestion de cette province au cours des quatre prochaines années.
De députés provinciaux de la dernière législature et quelques uns de l’actuelle législature se plaignent de ce qu’ils considèrent comme le détournement par lui, de leurs arriérés et émoluments. Coût de la présumée frappe: au moins 150 millions de CDF, soit plus de 52 mille USD. Ce n’est pas petit dans cette partie du pays frappée par la pauvreté et la misère
C’est clair: contrairement à ce que des acteurs politiques malveillants ont fait croire à une frange manipulée de la jeunesse Sankuroise durant des années, le malheur du Sankuru ne vient pas d’un individu. Le mal est plus grave qu’on l’imaginait. Apparemment, l’élite politique de cette province, toutes générations confondues, est malade et pourrie à telle enseigne qu’il faut le logiciel pour espérer un changement digne de ce nom.
Sinon, on ne peut pas comprendre qu’un président de l’Assemblée provinciale, qui n’a pas encore fait trois mois à ce poste, puisse être cité, à tort ou à raison, dans une affaire de détournement présumé d’une telle somme.
Il s’agit d’abord, des députés provinciaux de la législature 2018-2023, qui se plaignent des écarts entre la somme perçue dans le cadre des arriérés de leurs émoluments et ce qui aurait été mis à la disposition du bureau actuel de l’Assemblée provinciale par le Trésor public.
En date du 08 juin 2024, ils ont saisi officiellement le président de l’organe délibérant du Sankuru, Lambert Makondjo, pour lui demander de leur fournir notamment, le montant global de l’allocation du mois de janvier 2024 ; le plan de trésorerie et les listes de paie détaillées (députés bénéficiaires, personnel de cabinets politiques, agents administratifs; agents de services d’appoint, agents de service de sécurité).
Plus d’une semaine plus tard, l’intéressé semble avoir pris l’ inscription à l’école de Kara (silence) de Joseph Kabila.
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De données bancaires auxquelles alternance.cd a eu accès renseignent que 50 millions CDF auraient quitté le compte principal de l’Assemblée provinciale pour un compte privé identifié comme appartenant à Lambert Makondjo. Pour quoi en faire ?
Réponse d’un membre du bureau actuel de l’Assemblée provinciale du Sankuru:
« Il nous a dit qu’il avait besoin de cette somme pour motiver (corrompre) les juges du Tribunal de grande instance du Sankuru aux fins de débloquer les comptes de l’Assemblée provinciale, qui ont été bloqués. Ces comptes ont été débloqués avant d’être de nouveau gelés après que nous ayons informé aux juges qu’une importante somme a été envoyée sur le compte du président pour les motiver ».
Quant à la différence entre les sommes perçues par les députés provinciaux honoraires et ce qu’ils doivent normalement percevoir, elle se chiffrerait à plusieurs dizaines de millions de CDF.
4 députés provinciaux actuels privés de leurs émoluments de février 2024
Il n’y a pas que de députés provinciaux de la dernière législature qui accusent Lambert Makondjo d’avoir fait main basse sur leur dû.
Quatre élus de l’actuelle législature se plaignent eux aussi d’avoir été volés. En effet, sur vingt-cinq députés provinciaux que compte le Sankuru, quatre dont deux chefs coutumiers coptés n’ont pas touché jusqu’à ce jour leurs émoluments de février dernier. Le président de l’Assemblée se justifierait qu’à cette période, les deux élus qui ont requis l’anonymat avaient de contentieux électoraux au niveau de la justice. Qu’en est-il de 2 chefs coutumiers coptés et où est passé l’argent sorti du Trésor public ? Mystère.
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Mais ce n’est pas tout car, la quasi-totalité des 23 députés restants auraient perçu chacun, pour le compte du mois de février, 13 millions sur au moins 16 millions de CDF. Au moins 3 millions de CDF par élu auraient donc été amenés par Makondjo à une destination inconnue.
Les accusations étant graves, votre média en ligne a contacté le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru. Malheureusement, en bon Tetela qui a atteint un certain niveau de responsabilité politique, le président de l’organe délibérant de la province natale de Lumumba ferait partie de ces gens qui pensent que tous ceux qui l’appellent cherchent à lui demander de l’argent. De ce fait, l’homme décroche difficilement et n’hésite pas à raccrocher au nez ses correspondants s’ils ne connait pas personnellement. Qu’à cela ne tienne, son son de cloche sera le bienvenu.
Pami Halele
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