Les choses sérieuses ont commencé au procès de la tentative du coup d’Etat du 19 mai 2024. Au début de l’instruction, lundi 1 er juillet devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe siégeant à la prison militaire de Ndolo, un prévenu, Yusufu Ezangi, a fait ses dépositions. Celles-ci donnent des frissons.
Après le débat sur la forme, place au fond. Tour à tour, les 51 prévenus vont faire leurs dépositions. Poursuivi pour participation criminelle, Yusufu Ezangi a répondu aux questions des juges sur le rôle qu’il aurait joué dans la tentative de coup d’État. A la question de savoir comment il a rencontré Christian Malanga et où, il a répondu qu’ils se sont connus en 2017 à Londres lors d’une réunion.
Ils ont parcouru le monde, de Londres à Swaziland jusqu’en RDC dans le cadre d’une ONG dont il affirme ne pas connaître le nom. Il dit s’être retrouvé par contrainte au sein du mouvement New Zaïre, là aussi, sans savoir pourquoi.
Le prévenu Yusufu reconnaît avoir été à Lufu et Kasangulu dans le cadre de la fameuse ONG dont il ignore le nom, avant d’arriver à Kinshasa où ils ont séjourné à l’Auberge Momo 19 à Ngaliema. C’est là, a-t-il raconté, que Abubakar, un autre membre de la bande tué pendant l’attaque du Palais de la nation, a apporté les tenues militaires confectionnées en Angola.
A l’en croire, en arrivant chez Vital Kamerhe, ancien ministre de l’Economie nationale, l’objectif était de l’arrêter et de le conduire au Palais de la nation pour l’interroger. A la demande du tribunal de savoir pourquoi, le prévenu Yusufu a répondu que seul Christian Malanga savait. Malheureusement, ce dernier a été tué.
Au sujet justement de la mort de Malanga, ce prévenu affirme qu’il n’a pas été capturé vivant. Pour revenir en arrière, il révèle que la « jeel de Malanga a forcé toutes les barrières et pénétré le Palais de la nation sans aucune résistance».
En ce moment, le chef de la bande s’est écrié sur les propos cités par le prévenu : « Ingeta, qu’il en soit ainsi, nous venons de prendre le pouvoir ».
Pour les avocats de Yusufu Ezangi, leur client n’a pas joué de rôle majeur dans l’attaque tant de la résidence de Kamerhe que du Palais de la nation et qu’il n’a tué personne car, ne connaissant pas manière l’arme.
De son côté, le ministère public maintient que ce prévenu était le coordonnateur du mouvement et chargé du recrutement. Il est accusé de participation à la mort de deux policiers tués chez Kamerhe.
Ce procès réserve bien de surprises qui susciteront moult interrogations sur le comportement tant des assaillants que des services de sécurité et de défense. A suivre.
Jean Pérou Kabouira