La défense de Jean-Jacques Wondo, expert belge d’origine congolaise poursuivi dans l’affaire de la tentative du coup d’État ratée du 19 mai dernier, rejette en bloc le rapport d’expertise présenté a l’audience du lundi 12 août par le ministère public, devant le tribunal militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Au micro de alternance.cd, Maître Carlos Ngwapitshi, l’un de ses avocats, a affirmé que le ministère public est dos au mur faute de preuves à charge de son client.
Universitaire et expert de renommée internationale, Jean-Jacques Wondo fait partie des 51 personnes poursuivies pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association des malfaiteurs, meurtres et financement du terrorisme. Ils sont jugés depuis juin dernier dans l’affaire de la tentative de coup d’Etat du 19 mai 2024 au cours duquel des assaillants menés par Christian Malanga, ont pris contrôle du Palais de la nation pendant quelques instants après avoir attaqué la résidence de Vital Kamerhe.
A l’audience du lundi 12 août, l’auditeur du ministère public, le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, a mis sur le dossier de pièces qui selon lui, attestent le rapprochement entre Jean-Jacques Wondo et le chef de bande des assaillants. Il s’agit notamment du rapport de l’expert mandaté pour analyser les téléphones du prévenu Wondo. Il a soutenu que ce dernier a été en contact avec un certain Lula Victor qui l’aurait aidé à effacer ses échanges et qu’il s’est servi du nommé Malusha Mukinzi Malunga, général de l’hôtel où il logeait, comme intermédiaire entre lui et Malanga.
Un rapport non signé ?
Les accusations étant fortes, alternance.cd a obtenu le deuxième son de cloche.
« Nous avons apporté des preuves contraires au soutènement du ministère public. Ce procès a commencé le 7 juin 2024, et à ce jour, soit deux mois plus tard, le ministère public n’a apporté aucune preuve à charge de monsieur Jean-Jacques Wondo. Il n’y a ni preuves matérielles, ni témoignages, ni renseignements, moins encore un aveu. Il n’y en a pas au dossier», a rapporté Maître Carlos Ngwapitshi.
A l’en croire, la défense de Jean-Jacques Wondo a démontré que le rapport d’expert brandi par le ministère public n’a aucune valeur juridique.
« Le ministère public est venu avec un rapport d’expertise, à la dixième audience. Ça signifie que lorsqu’il instruisait le dossier à l’auditorat, lorsqu’il a fixé le dossier au tribunal, sans pour autant qu’il ait le rapport de l’expertise. En produisant ce rapport là en cours d’instance, ce rapport n’est pas signé. L’expert qui a rédigé ce rapport n’est pas identifié…L’auteur n’est pas identifié. Dans ce rapport là, les faits ne démontrent pas un quelconque lien entre Jean-Jacques Wondo et monsieur Christian Malanga. Aucun lien. La photo qu’il a brandie a été prise par Jean-Jacques Wondo et monsieur Malanga en 2016 en Belgique… Et depuis ce jour-là, Jacques Wondo n’a jamais été en contact avec Monsieur Malanga», a insisté Maître Carlos Ngwapitshi.
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En ce qui concerne la prétention du ministère public selon laquelle Jean-Jacques Wondo a eu des échanges téléphoniques avec Christian Malanga par personne interposée, la défense de celui qui était conseiller spécial de l’AG de l’Agence nationale de renseignements (ANR) au moment de son arrestation exige un relevé téléphonique desdits échanges.
« Nous lui avons demandé de nous produire le relevé d’appels…Un document qui n’est pas signé comme un tract…Le rapport ne dit pas que Jean-Jacques Wondo était en contact avec Malanga. Le ministère public est en difficulté d’établir la culpabilité de Monsieur Jean-Jacques», a vociféré Maître Carlos Ngwapitshi.
Ce, avant de conclure que « le doute profite à l’accusé ».
Anny Kanyama
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