L’expert belge d’origine congolaise, Jean-Jacques Wondo, poursuivi dans l’affaire de la tentative du coup d’État avortée du 19 mai dernier a été mis en difficulté à l’audience du lundi 12 août 2024 devant le tribunal militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Les pièces attestant son rapprochement avec Christian Malanga, chef de bande des assaillants, versées au dossier par l’auditeur du ministère public, le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent ont fait fissurer sa ligne de défense.
Selon le ministère public, ce sont des éléments obtenus par un expert mandaté spécialement pour scruter et analyser les messages des échanges lors de la réunion de crise à l’Agence nationale des renseignements (ANR) où Jean-Jacques officiait comme conseiller principal de l’AG. Il est accusé d’avoir supprimé ces messages pour effacer les traces.
Le rapport fait état d’un certain Victor Lula, qui aurait aidé Wondo à effacer plusieurs données de ses téléphones portables.
« En soumettant ses données à l’expertise, ses téléphones, dans cette entreprise visant à déstabiliser les institutions de la République démocratique du Congo, Monsieur Jean-Jacques Wondo a, selon ce que nous avons obtenu comme rapport d’expertise, eu en 2021 un contact avec celui qu’il qualifie d’Alter Égo, Lula, qu’il connaît bien. Il contacte Lula Victor, un légionnaire, tout comme Wondo, ancien militaire de la garde civile, pour lui dire ceci, selon le rapport des experts : désormais, mon ami, Facebook a déjà une application permettant d’effacer tous les messages en cas de problème. Il a écrit à Lula Victor que, lorsqu’il y a des problèmes, Facebook a déjà prévu cela, et c’est vous que j’ai choisi pour effacer tous mes messages lorsque je suis dans une situation inconfortable. La conséquence de cela s’est manifestée le 19 mai, lorsque les experts ont analysé les téléphones du prévenu Jean-Jacques Wondo ; tous les messages de 2022, 2023 et 2024 ont été supprimés, même dans la corbeille, grâce à Victor Lula, le nettoyeur de preuves», a déclaré l’officier du ministère public.
Malusha, le train d’union entre Malanga et Wondo?
D’après le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, c’est depuis 2016, 2017 que Jean-Jacques Wondo avait pris contact avec le chef de bande de New Zaïre, Christian Malanga et partageait avec lui des idées de déstabilisation des institutions de la RDC dans l’espoir d’être nommé ministre de la Défense en cas de réussite de leur plan.
« Le prévenu Jean-Jacques Wondo arrive à Kinshasa, il est logé à l’hôtel Shulungu, où se trouve un jeune, gestionnaire ou gérant de l’hôtel, nommé Malusha Mukinzi Malunga. Il n’a qu’un mois pour conseiller de l’AG de l’ANR. L’autre fois, vous aviez entendu le gérant de l’hôtel Pajela appeler Malusha le manager du prévenu Wondo Jean-Jacques, pour des raisons bien identifiées, mais lui-même a refusé ce titre pour se qualifier de garçon de course, alors que l’expertise nous montre autre chose. Malusha Mukinzi Malunga, superviseur de l’hôtel Shulungu, où le prévenu Wondo est passé pendant un mois, quitte cet endroit pour se rendre à l’hôtel Pajela, accompagné par Malusha, son manager. Quel rôle joue Malusha Mukinzi ? Il a deux numéros de téléphones (0837746920 – 0826919471). Lorsque nous avons soumis à l’expertise les téléphones du prévenu pour en savoir davantage sur ses liens avec son ancien leader Christian Malanga, nous avons découvert que Christian Malanga (avec son numéro 0851911053) a contacté Malusha. Ils ont eu 15 interactions, dans la période du 29 avril au 16 mai 2024. Il est supposé que, déjà à ces dates, Christian Malanga parlait à Malusha, le manager ou garçon de course du prévenu Jean-Jacques Wondo», a poursuivi le ministère public.
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Le ministère public a ajouté que le prévenu Jean-Jacques Wondo a interagi avec Malusha 19 fois. De ce fait, le rapport présenté par le ministère public présente Malusha comme relais entre Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga.
« Dans le deuxième contact de Malusha (0826919471), Jean-Jacques Wondo a interagi avec Malusha 19 fois, 19 interactions. L’autre fois, il a voulu minimiser Malusha et a même dit qu’il ne maîtrisait pas bien son propre numéro de téléphone, mais l’expertise nous indique qu’au travers du numéro 0994130257 du prévenu Jean-Jacques Wondo, il a eu 19 interactions avec Malusha, celui qu’il considère comme garçon de course. Vous constaterez que le fameux Malusha est allé chercher les deux numéros de téléphones auprès de l’opérateur de téléphonie avec une carte militaire. Voilà une particularité : Malusha s’est fait une carte militaire au nom de Bosenge Bosenge pour son premier numéro, et la deuxième carte SIM toujours avec une carte militaire au nom de Bosenge Bosenge. Voilà l’homme de course du prévenu Jean-Jacques Wondo», a martelé le ministère public.
Wondo et 50 autres prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtres, et financement du terrorisme. Ils encourent la peine de mort. Et, avec la levée du moratoire sur l’exécution de la peine capitale en République démocratique du Congo, s’ils sont condamnés à mort, ils risquent d’être exécutés.
Anny Kanyama
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