L’Académie des beaux- arts de Kinshasa est une parfaite illustration de l’expression française selon laquelle, les apparences que l’on se donne sont souvent les plus trompeuses. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de l’écart béant entre les réalités internes et l’image soigneusement maquillée que projette le directeur général de cet établissement de l’enseignement supérieur, Prof. Kalama Akulez Henri.
Perçu de loin comme un manager et organisateur exemplaire, ses méthodes sont décriées de l’intérieur où règne une gronde silencieuse, qui risque d’embraser l’ensemble de l’institution.
Des employés de l’Académie des beaux-arts vivant depuis longtemps dans la peur de se faire virer ont fini par cracher le morceau sur leurs conditions sociales et de travail exécrables. Ils n’en peuvent plus de l’atmosphère capharnaümique et de terreur instaurée par le DG pour contraindre le personnel à le vénérer en dépit de leur précarité.
Incroyable mais vrai, la majorité d’entre eux touchent un salaire mensuel qui ne dépasse pas 50 dollars américains, alors que l’institution bénéficie de généreux dons de l’Union européenne. Alternance.cd a eu accès à plusieurs fiches de paie dont la rédaction se réserve le droit de publier le contenu.
Bien que le corps administratif, composé majoritairement de personnes âgées dont certaines de troisième âge, semble désemparé, quelques membres du corps scientifique ont tenté de dénoncer l’autocratie instaurée par le professeur Kalama Akulez Henri.
Les protestataires ont été malheureusement virés. Leurs licenciements ont été soutenus par de membres influents du Conseil d’administration et par l’ex- ministre de l’ESU, Muhindo Nzangi.
Indéboulonnable et intouchable?
Nommé par Théophile Mbemba en 2016, l’actuel DG règne en maître, mieux en autorité coutumière à l’Académie des beaux-arts.
Il serait protégé par des liens politiques, grâce auxquels il est resté intouchable malgré les accusations de corruption qui sont remontés jusqu’au ministère de tutelle.
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Il a su s’attirer les faveurs de plusieurs ministres, dont Mohindo Nzangi, qui a placé ses proches à des postes clés, notamment l’actuel secrétaire général académique et l’administrateur de budget, limitant ainsi toute contestation.
Des marchés publics pour ses sociétés
Des sources internes font état de plusieurs acte de corruption et de détournement de fonds, notamment ceux provenant des financements de l’Union européenne pour les départements de Photo et de Conservation.
Pour mieux gérer cette manne, le DG aurait nommé un de ses proches au poste stratégique de conseiller financier.
Ensemble, ils auraient fondé une société de construction, qui aurait obtenu des contrats de construction, dont le juteux projet de bâtiment financé par un prêt de plus de 300 000 $ contracté auprès de la banque commerciale Afriland.
Cette affaire avait déjà été dénoncée par un ancien secrétaire général académique, qui a payé cher son audace, en étant destitué sous l’influence de Mohindo Nzangi. De documents liés à ce dossier obtenus par Alternance.cd sont compromettants pour le DG.
Hasard de calendrier ou heureuse coïncidence, il s’avère que le professeur Kalama Akulez Henri aurait acquis pendant la même période, plus de cinq parcelles à Kinsuka, qu’il a réunies en une seule grande propriété.
« Les cas de mauvaise gestion et de détournement d’argent se multiplient, souvent dissimulés sous le couvert de procès-verbaux de réunions fictives. Les employés, piégés dans cette spirale de corruption, vivent dans la peur de perdre leur emploi », révèle un membre du comité de gestion de l’Académie des beaux-arts qui, visiblement, était dans un deal mais a été doublé.
Face à cette situation alarmante, les employés appellent la ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Marie-Thérèse Sombo Ayane, à ne pas se salir en acceptant de se faire corrompre.
Ils l’encouragent plutôt à diligenter une mission d’audit sérieuse.
Au président de la République, le personnel de l’Académie des beaux-arts sollicitent son implication pour permettre une alternance au sein de cette institution, dans l’espoir d’améliorer leurs conditions sociales et de travail.
Pami Halele
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