Haut représentant du président de la République pour le suivi de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi, Serge Tshibangu Kabeya a été démis de ses fonctions par le président Félix Tshisekedi. L’ordonnance portant sa révocation a été lue sur les antennes de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), ce vendredi 30 août 2024, suivie de celle de la nomination de son remplaçant, Sumbu Sita Mambu. Les nouvelles en provenance de la Cité de l’Union africaine ne sont pas bonnes pour celui qui était l’une des pièces maîtresses de Kinshasa dans le dispositif diplomatique régional.
Jusqu’à la semaine dernière, rien ou presque ne se passait sur le processus de Luanda et de Nairobi pour la paix dans l’est de la République démocratique du Congo sans qu’il ne soit informé.
Dans la capitale kényane où il se rendait régulièrement avant le refroidissement des relations entre Kinshasa et Nairobi, un diplomate avait pris l’habitude de l’appeler chef de la diplomatie congolaise, tellement il était sur tous les coups.
A Luanda aussi, il était tellement présent au point de faire ombrage à l’actuelle ministre des Affaires étrangères.
Nommé en janvier 2023, Serge Tshibangu Kabeya est devenu au fur du temps, un très proche de Félix Tshisekedi qu’il a représenté et/ou accompagné à de nombreux rencontres de discussions en Afrique, notamment des sommets autour de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, dans le cadre ou non des processus de paix de Luanda et de Nairobi.
Selon nos sources à la présidence de la République, c’est depuis la semaine dernière que sa descente en enfer aurait commencé.
«Il devait effectuer un déplacement cette semaine dans la région, mais la veille, il lui a été demandé de ne pas faire le déplacement de l’aéroport international de N’djili. Le même jour, il a reçu l’ordre de transférer un dossier sensible qu’il gérait à un autre conseiller du chef de l’État. Bien plus, il n’avait plus accès au président Félix Tshisekedi depuis quelques jours », a confié à alternance.cd, une source proche du dossier.
Dans la merde comme Jean-Bosco Bahala?
Ces informations prises en compte, et tenant compte des similitudes entre la révocation du désormais ex-haut représentant pour le suivi de la feuille de route de Luanda et de Nairobi et de celle de Jean-Bosco Bahala, coordonnateur du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S), tout porte à croire que les jours de Serge Tshibangu Kabeya en homme libre sont comptés.
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En effet, accusé (pas officiellement) de s’ être rendu à Entebbe, en Ouganda, pour discuter avec le mouvement politico-militaire Alliance fleuve Congo (AFC) sans être mandaté par le gouvernement, Jean-Bosco Bahala a été révoqué alors qu’il se trouvait encore en Ouganda. Il affirme s’y être rendu pour le rapatriement des enfants congolais libérés par la rébellion ougandaise de la LRA.
Il a été arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport international de N’djili, le 25 juillet dernier, trois jours après sa révocation.
Dans ce dossier, il y a une autre révocation: celle du directeur de cabinet du vice-premier ministre de la Défense nationale et anciens combattants. Le général-major Aimé Mbiato a été révoqué après une audition de près de 4 heures aux renseignements militaires (DEMIAP).
Pour revenir à Serge Tshibangu Kabeya, nos sources renseignent que la lecture de l’ordonnance de sa révocation a été précédée de plusieurs heures d’audition à la DEMIAP où ses téléphones et son ordinateur auraient été saisis.
«Il peut être arrêté n’importe quand », croit savoir un flic, qui trouve «logique qu’il soit inquiété après une telle révocation ».
Pami Halele
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