Quatre membres du gouvernement ont communiqué au sujet de la tentative d’évasion de ce lundi à la prison centrale de Makala. Il se dégage l’impression d’une communication à l’emporte-pièce et non concertée, qui soulève de questions en lieu et place de répondre aux questions légitimes de la population.
Qu’est-ce qui s’est passé ce lundi à la prison centrale de Makala ? Et combien y a-t-il de victimes ? A ces questions et à tant d’autres qui en découlent, les réponses du gouvernement semblent avoir du mal à convaincre.
Le porte-parole du gouvernement a dans un message publié sur son compte X depuis la Chine où il accompagne le président Félix Tshisekedi au sommet 2024 du forum sur la coopération sino-africaine, invité la population kinoise « à ne pas paniquer ».
Confirmant « une tentative d’évasion à la prison centrale de Makala », Patrick Muyaya a promis que « d’autres détails suivront dans la journée ».
Quelques heures après, c’est le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, qui a réagi, lui aussi sur le réseau social X.
Il a dénoncé des « actes de sabotage prémédités et annoncé « des enquêtes en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes de sabotage ».
En attendant, il a dévoilé une série de mesures portant notamment sur, l’interdiction de transfèrement par les magistrats des parquets des détenus au CPRK, sauf autorisation du Minetat Justice et ce, jusqu’à nouvel ordre, l’intensification du processus de désengorgement des prisons de Makala, Ndolo et celles de l’intérieur du pays ou encore l’accélération du projet de délocalisation du CPRK par la construction d’une nouvelle prison excentrée de la ville de Kinshasa.
Enquêtes en cours ou attendues?
Mais ni Muyaya, ni Mutamba n’a apporté une moindre réponse à la question de savoir ce qui s’est réellement passé à Makala et combien des victimes il y en a eu.
Et, ce n’est pas leur cheffe, la première ministre Judith Sunimwa qui, depuis son séjour à caractère religieux dans son Kongo Central natal, qui allait donner une explication que tous les congolais attendaient.
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En effet, dans un message publié ce même lundi, la primature a assuré que « les forces de sécurité maîtrisent la situation et des enquêtes seront menées pour faire toute la lumière sur cet incident malheureux ».
Ce, avant prier la population de « ne pas s’alarmer et de vaquer aisément à ses occupations en ce jour de rentrée scolaire dont le gouvernement tient à la réussite ».
Toujours pas des réponses aux questions soulevées. Au contraire, la première ministre Judith Sunimwa a soulevé une autre question, celle portant sur l’ouverture ou non des enquêtes.
C’est le moins que l’on puisse dire car, alors que son ministre de la Justice a affirmé dans le message précité que, des enquêtes sont « en cours» pour identifier et sanctionner les commanditaires de cette tentative d’évasion, la cheffe du gouvernement dit le contraire, en promettant que « des enquêtes seront menées ». Qui dit vrai?
Samuel Mbemba et ses 2 morts discutables
Mais ce n’est pas tout car, un quatrième membre du gouvernement a fait une autre sortie médiatique tout autant ratée.
Il s’agit du vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, qui s’est rendu à la prison de Makala. Il a évoqué un bilan de « 2 morts » et déclaré qu’ « aucun prisonnier ne s’est évadé ».
Lui aussi a promis « une communication détaillée du gouvernement » après une réunion de crise convoquée par le vice-premier ministre chargé de l’Intérieur.
En attendant ladite communication détaillée, il a exhorté la population à se méfier « de toutes ces images virales sur les réseaux sociaux ».
Malheureusement, en l’absence des explications satisfaisantes des autorités, la population ne peut que se ressourcer auprès d’autres sources dont les médias. Ceux-ci font état, images à l’appui, de plusieurs morts et blessés.
Pami Halele
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