Alors que l’attention des congolais était focalisée, ce lundi 2 septembre 2024, sur la situation à la prison de Makala à Kinshasa où 129 prisonniers qui tentaient de s’échapper ont perdu la vie, et à Goma où deux cents corps de déplacés décédés notamment de famine et de maladie dans des camps ont été inhumés, un acteur politique de premier plan a ignoré tous ces morts. Il s’agit de Modeste Bahati Lukwebo, autorité morale de l’Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés (AFDC-A), qui tenait une conférence de presse pour fustiger « l’injustice » dont s’estime son regroupement politique dans le partage des responsabilités dans les institutions politiques du pays.
Avec ses 40 députés nationaux, 13 sénateurs, 77 députés provinciaux et 94 conseillers communaux, obtenus lors des dernières élections, sans compter d’autres sièges lui ravis lors des contentieux électoraux, l’AFDC-A estime qu’il n’a pas été recomposé à la hauteur de sa taille au sein de l’Union sacrée de la nation, la plateforme présidentielle.
Ainsi, en dépit du fait que son regroupement politique est représenté au gouvernement et que lui-même occupe le poste de deuxième vice-président du sénat, Modeste Bahati Lukwebo a haussé le ton pour réclamer ce qu’il estime lui revenir de droit.
« Vous n’avez pas l’habitude de me voir dans les débats politiques, mais aujourd’hui à la suite de multiples plaintes, du reste fondées, de toutes les fédérations de l’intérieur du pays tout comme celles de l’étranger, les ligues des femmes et des jeunes, du fait de n’avoir pas pas tiré avantage de leur dur labeur tel que l’a décidé le peuple congolais dans les urnes en décembre 2023, j’ai décidé de calmer la tempête et de me référer au président de la République. Je comprends et je partage leur chagrin et leur douleur de voir les autres récolter là où ils n’ont pas semé», a-t-il déclaré.
Pointant du doigt “la haine et la jalousie” de certains sociétaires de l’Union sacrée, l’autorité morale de l’AFDC-A a réitéré sa confiance au président de la république, dont il espère agir au moment opportun.
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L’ancien président du sénat a éprouvé du mal à cacher ses revendications: lui et son regroupement politique voudraient plus de postes, même s’il a ironisé que, s’il ne s’agissait que des postes, sa formation politique aurait déjà quitté l’Union sacrée.
A la question de savoir s’il a décidé de quitter ou non la famille politique du chef de l’État, il a répondu qu’il y demeure membre, en attendant les résolutions du congrès que l’AFDC-A va très prochainement tenir.
« Je suis membre de l’Union sacrée jusqu’à cet instant. C’est le congrès qui va déterminer notre marche à suivre. À l’issue de ce congrès, vous saurez quelle est notre position. Nous savons que le président Tshisekedi est épris de paix et de justice. Lui seul connaît à quel moment il agira. Moi, je lui ai toujours fait confiance. Même s’il y a autour de lui des laborantins, des clichés. Je considère que ce qui est arrivé à l’AFDC-A à la sortie du gouvernement Judith Suminwa est biblique. Et tous ceux qui combattent injustement les enfants de Dieu, ils finissent par périr », a poursuivi Modeste Bahati Lukwebo.
Habitué des chantages
Qui a bu boira dit-on, « Maradona » est un fin jongleur politique et excelle dans l’art de faire chanter ses partenaires politiques.
En juillet 2019, il avait poussé le Front commun pour le Congo (FCC) à l’exclure pour une durée indéterminée, suite à son refus de retirer sa candidature sa candidature à la présidence du Sénat face à Alexis Thambwe Mwamba, le candidat choisi par Joseph Kabila.
Après l’éclatement de la coalition FCC-CACH, il a été accusé par certains membres de son regroupement politique, dont Steve Mbikayi, de s’opposer à leur entrée au gouvernement Sama Lukonde 1, au profit de ses proches.
Autant dire que Modeste Bahati Lukwebo n’est jamais très loin de l’endroit où on discute des postes politiques.
Junior Lomanga
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