La condamnation à mort par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe siégeant en audience foraine à la prison de Ndolo, de 37 prévenus dans l’affaire de la tentative de coup d’État du 19 mai dernier inquiète sérieusement l’Union européenne. Dans une déclaration faite lundi 16 septembre, l’UE a rappelé son opposition à la peine de mort.
La justice congolaise a été sans pitié avec les auteurs présumés de l’assaut lancé contre la résidence de Vital Kamerhe et le Palais de la nation, siège du bureau officiel du président de la République, dans la nuit du 8 au 9 mai 2024. Au cours du procès ouvert le 7 juin, 51 personnes ont été jugés. En l’absence de deux autres prévenus, à savoir le chef des assaillants, Christian Malanga et son complice Aboubakar, tués pendant l’attaque du Palais de la nation, elles ont comparu assistées de leurs avocats. Au finish, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe a prononcé 37 condamnations à mort pour association de malfaiteurs, attentat et terrorisme. D’autres prévenus ont écopé de 20 ans de servitude pénale pour détention illégale d’armes de guerre et quelques uns ont été acquittés.
Parmi les condamnés à mort figurent six étrangers dont l’expert belge d’origine congolaise Jean-Jacques Wondo, l’américain et fils de Christian Malanga, Marcel Malanga ou encore un canadien.
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Pour l’Union européenne, la peine de mort est une entorse au droit à la vie et un recul et une violation des obligations de droit international prises par la République démocratique du Congo.
« L’UE rappelle sa totale opposition à la peine de mort, dans tous les cas et en toutes circonstances. La peine de mort est incompatible avec le droit inaliénable à la vie et elle est cruelle, inhumaine et dégradante. Elle représente la dénégation ultime de la dignité humaine, échoue à l’heure de dissuader les actes criminels et rend les erreurs judiciaires irréversibles. L’UE rappelle aussi son attachement à la nécessité de garantir le droit à un procès équitable et au respect des droits des accusés, en ligne avec les obligations de droit international auxquels la RDC a souscrit. Comme elle l’a toujours fait, l’UE ne cessera de continuer à passer ces messages aux autorités congolaises et à engager tous les efforts pour éviter toute condamnation à mort ».
Elle exprime « ses vives craintes face à ce recul de l’état de droit, notamment si des exécutions venaient à être effectuées dans un pays qui avait jusqu’à présent choisi de maintenir un moratoire sur la peine capitale ».
L’Union européenne « appelle le gouvernement de la RDC à réintroduire ce moratorium ».
Junior Lomanga