Trois mois jour pour jour depuis son arrestation, le PDG de la société Stever construct, Mike Kasenga, reste en détention à la prison centrale de Makala. Suspecté d’un détournement présumé dans le dossier du marché de construction des forages et stations de traitement et pompage d’eau, conclu entre sa société et le gouvernement, il apparaît à ce jour comme un prisonnier personnel du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Pour cause, ce dernier aurait mis le véto contre sa libération, alors que tous les autres suspects dans ce dossier circulent librement.
Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et principal accusé, car ayant ordonné la sortie des fonds supposément exorbitants et François Rubota, ancien ministre du Développement rural, parce que c’est d’eux qu’il s’agit, jouissent de leur totale liberté. Si le premier n’a jamais véritablement été inquiété dans le dossier dit de « forages », alors qu’il a même été surnommé « Nicolas Kazadi Wa forages », à cause du rôle de premier plan qu’il a joué dans ce projet, le second a recouvré sa liberté après quelques semaines passées à la prison de Makala. Puis, plus rien, les deux hommes bénéficiant de la totale clémence du PG près la Cour de cassation.
Ce dernier s’acharne étonnement sur Mike Kasenga, qui a pourtant prouvé que l’argent perçu a servi effectivement et réellement à l’achat des matériels pour la construction d’une centaine de forages et stations de traitement et pompage d’eau déjà livrés au gouvernement. Bien plus, en dépit de sa détention à Makala, sa société s’apprête à livrer un deuxième lot de forages et stations solaires d’eau potable.
Dans ce contexte, comment comprendre l’obstination du PG près la Cour de cassation à le maintenir en prison? Nos confrères de Scooprdc.net affirment avoir entendu que Firmin Mvonde réclamerait des garanties sur l’exécution des travaux restants et leur fin.
« Ce qui paraît comme une porte ouverte qu’il est en train d’enfoncer car, malgré l’incarcération de son PDG, la société Stever construct continue la construction des forages et des stations de traitement et pompage d’eau dont une dizaine finis n’attendent que leur réception par le ministère du Développement rural. D’ailleurs, dans une lettre parvenue à Scoop RDC et datant du 23 septembre dernier, la société Stever construct demande au ministre d’État au Développement rural, Muhindo Nzangi, de lui indiquer 34 sites où doivent être érigées les stations de traitement et pompage d’eau. Dans cette lettre, Stever construct précise que tous les matériels pour ces 34 forages sont au dépôt. Quelle garantie faut-il encore donner si les travaux de construction des forages s’exécutent ? », se demandent, stupéfaits, nos confrères.
Pas de fuite à craindre
Un haut magistrat qui suit de près cette affaire estime que rien ne justifierait à ce jour là détention en prison de Mike Kasenga, étant donné selon lui, que sa détention n’est pas à craindre et surtout qu’en tant que PDG, il sait que s’il ose s’en fuire, il devra faire une croix sur tous ses autres marchés en République démocratique du Congo.
« Tout porte à croire que le PG ne veut pas voir ce dossier qui a suscité de la clameur publique, se terminer sans un coupable désigné à présenter au public. Il sait qu’il a difficile à mettre la main sur Nicolas Kazadi, le principal accusé. Il sait aussi qu’aussi longtemps que Mike Kasenga sera en prison, il aura un argument à brandir à ceux qui l’accusent, à tort ou à raison, de faire partie des hauts magistrats qui font que la justice congolaise soit malade», croit savoir notre source.
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Le comble, aux dernières nouvelles, le PG près la Cour de cassation a autorisé et laissé sortir du pays le patron de Solektra SARL, une société sous-traitée par Stever construct, qui en principe, doit justifier les fonds perçus.
Décidément, Firmin Mvonde voudrait, ceci faisant, laisser pourrir Mike Kasenga en prison. Jusqu’à quand?-Difficile de le savoir. Mais visiblement, cet homme d’affaires serait devenu un otage personnel du PG près la Cour de cassation, qui détient actuellement le pouvoir de décider de quand il peut être libéré. Entre temps, sa société continue à accomplir sa part du marché.
Jean Pérou Kabouira
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