Le projet de révision constitutionnelle est en train de voler la vedette au dialogue pour la cohésion nationale appelé de tout vœux par l’opposant Martin Fayulu. Le débat a pris une autre allure avec la sortie médiatique, dimanche 29 septembre 2024, du secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Augustin Kabuya, qui a fixé l’opinion sur la position du parti présidentiel sur la question.
Lors d’un échange avec de militants, le SG de l’UDPS a laissé entendre que la constitution du 18 février 2006 en vigueur en République démocratique du Congo ne permet pas au président de la République de consomer les cinq ans de son mandat et de gérer le pays comme il le faut.
« Sur les cinq ans du président de la République, ce sont six mois qui sont consommés gratuitement. Après ce temps, le mandat de cinq ans dont on vous parle n’en est pas un. Puisque la cinquième année est une année électorale où tout le monde est en ébullition. Est-ce qu’on peut accepter une telle constitution ?», s’est interrogé Augustin Kabuya.
Celui qui est aussi président intérimaire de l’UDPS a soutenu que la Constitution de la RDC ne permet pas au président de la République d’entrer directement en fonction après son élection, contrairement à celles d’autres pays, notamment le Sénégal.
« La révision constitutionnelle n’est pas quelque chose de mauvais. Qu’on ne dénature pas cette hypothèse. J’étais informateur et je connais les lacunes que comporte la constitution simplement sur la formation du gouvernement. Vous avez appris au Sénégal, où le président, aussitôt élu, a directement nommé son premier ministre », a poursuivi Augustin Kabuya.
Dans la classe politique et la société civile, les réactions vont dans tous les sens au sujet de la révision de la Constitution.
« Nous pensons que les amis de l’UDPS sont ivres du lait. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent correctement. En quoi le changement de la constitution dans ce pays aujourd’hui est une priorité plus que recouvrer l’intégrité de notre territoire ? Nos amis pensent conserver malhonnêtement le pouvoir, et ça ne passera pas !», a réagi Devos Kitoko, secrétaire général de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement(Ecidé ) de Martin Fayulu.
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De son côté, le président de l’Association africaine des droits de l’homme (Asadho), Jean-Claude Katende, redoute une volonté du pouvoir de remettre à zéro le compteur des mandats du président de la République.
« Malgré les tergiversations et les mensonges, l’UDPS a fini par cracher le morceau en rapport avec la révision de la constitution. Ils ont dit clairement qu’ils veulent toucher aux articles verrouillés( la durée du mandat du président de la République. Ils disaient que la révision ne va toucher à ce type de dispositions. Mr Augustin Kabuya a été clair. Aujourd’hui, ils veulent remettre les compteurs à zéro. Comment est-ce que nous congolais pouvons accepter qu’on change la constitution pour donner un pouvoir des longues années à des personnes qui gèrent le pays avec des tâtonnements et qui ne sont pas encore arrivées à convaincre après plus de 5 ans de gouvernance. Accepter pareille chose, c’est sacrifier l’avenir du pays et des congolais. Les dirigeants actuels n’ont pas de profil pour faire face aux défis que le Congo rencontre. Je sens que ce que nous avons vécu avant du dernier mandat du président Kabila, nous allons le revivre avec le président Tshisekedi. Qui vivra, verra! », peut-on lire sur son compte X.
Le président Félix Tshisekedi s’est déjà exprimé sur la question . Lors d’un échange avec la diaspora congolaise de Bruxelles en mai dernier, il avait annoncé qu’il allait mettre en place une commission multidisciplinaire chargée de réfléchir sur la mise en place d’une « constitution digne de notre pays ».
Anny Kanyama
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