La République démocratique du Congo a été élue, mercredi 9 octobre 2024, comme nouveau membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour le mandat 2025-2027. Le vote a eu lieu au cours de l’Assemblée générale de l’ONU, tenue à New York, aux Etats Unis. En quoi peut-on s’attendre ? Éléments de réponse.
Composé de 47 États membres et établi à Genève, le Conseil des droits de l’homme est le principal organe intergouvernemental des Nations unies chargé des questions des droits de l’homme. Il se réunit au cours de trois sessions ordinaires par an et peut se réunir aussi en sessions extraordinaires.
La résolution 60/251 de l’Assemblée générale de l’ONU qui a institué le Conseil des droits de l’homme reconnaît que les organisations non gouvernementales (ONG ) et d’autres acteurs de la société civile jouaient un rôle important aux niveaux national, régional et international dans la promotion et la défense des droits de l’homme. Elle a donc prévu la participation d’observateurs, notamment d’ONG aux sessions du Conseil, sur base de certaines dispositions.
Ce qui signifie que désormais, la République démocratique du Congo, qui a longtemps été victime de diabolisation par des ONG, a le moyen de les contre carrer directement au Conseil des droits de l’homme.
La RDC désormais surveillée
La situation des droits de l’homme des États candidats, tout comme les engagements qu’ils ont pris volontairement en la matière étant pris en considération lors du vote, l’élection de la RDC avec 172 voix sur 190 votants est un camouflet pour les pourfendeurs du gouvernement congolais, dont des opposants, des ONG et d’autres activistes qui crient partout que Kinshasa serait un tortionnaire des droits de l’homme.
L’une des grandes bonnes nouvelles qui ressortent de cette élection est que la RDC est en quelque sorte dorénavant surveillée sur la question des droits de l’homme. Ce, car si un État membre commet des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme, l’Assemblée générale pourra, à la majorité des deux tiers des membres présents et votants, suspendre son droit de siège au Conseil.
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Voilà qui devait normalement interpeller les agents de la police judiciaire, qui s’illustrent dans le recours à la violence corporelle lors des interpellations. A ce sujet, l’opinion nationale a été récemment scandalisée par la violence avec laquelle le journaliste Patrick Lokala a été arrêtée en son domicile par des agents de la police judiciaire qui ont fait usage de gaz lacrymogène dans son appartement, cassant la porte de sa chambre et traumatisant son épouse et ses enfants.
Aux dernières nouvelles, l’instruction du ministre d’État à la Justice et garde des sceaux ordonnant l’arrestation et des poursuites à l’encontre des agents qui se sont introduits par infraction et commis de forfaits au domicile de ce journaliste est restée lettre morte.
Les responsables de l’Agence nationale de renseignement (ANR) et d’autres services de sécurité sont eux aussi vivement interpelés en vue de mettre fin aux traitements déshumanisants dont la sodomie et les tortures dénoncées par d’anciens détenus.
Il faut dire que c’est la deuxième fois que la RDC est élue membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Elle a été élu membre de cet organe intergouvernemental pour la première fois en 2017. Comme en 2024, des ONG et l’opposition avaient mené une campagne de diabolisation, qui avait comme cette année, échoué lamentablement.
Anny Kanyama
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