Déclenché depuis plus de dix ans, le processus de réforme de l’administration publique se poursuit en République démocratique du Congo. Ce processus a pris une autre allure depuis l’avènement de Jean-Pierre Lihau à la tête du ministère de la Fonction publique, modernisation de l’administration et innovation du service public. Qu’à cela ne tienne, quelques problèmes, notamment celui de la masse salariale persistent. Secrétaire général émérite et expert dont les compétences et l’expertise ne sont plus à démontrer, Barthélémy Okito propose ses recettes pour contribuer à la bonne marche de la réforme en cours. Interview.
Alternance.cd: Que doit faire le gouvernement Suminwa pour résoudre le problème de la maîtrise des effectifs et de la masse salariale des agents et fonctionnaires de l’État ?
Barthélémy Okito: Normalement, à l’étape où on est arrivé, le vice-premier ministre, ministre de la Fonction publique a recensé plus ou moins 800 000 agents réguliers sur un total déclarés et payés de 1 450 000 agents. C’est déjà très bon mais les effectifs restent pléthoriques.
Il y a lieu d’obtenir un moratoire d’au moins cinq mois auprès de tous les syndicats des différents secteurs pour mettre en place avec eux, deux paramètres importants. Premièrement, valider tous les cadres organiques dans les différents secteurs de l’Administration publique(Armée, Police, Santé, Éducation nationale, etc). Cela permettra au gouvernement de connaître le nombre exact des postes organiques à payer au sein de l’Administration publique.
Deuxièmement, mettre en place un barème salarial unique.
Où placer les Nouvelles unités et les non- payés ?
Conformément aux textes réglementaires en vigueur, c’est au vu des postes organiques vacants au niveau des administrations qu’il faudra organiser des concours pour le recrutement officiel des NU.
C’est-à-dire qu’après avoir validé par ordonnance présidentielle tous les cadres organiques, chaque administration va affecter, conformément aux profils et études faites, les agents dans les différents postes organiques.
Cela va permettre à la Fonction publique de se désengorger des effectifs pléthoriques non-utiles.
Comment comprendre par exemple qu’un hôpital général de référence ait 1000 médecins payés par l’État pour 250 lits, mais qui travaillent presque tous dans des hôpitaux privés? Pourtant, il y a de jeunes médecins qui chôment. De tels exemples sont légion dans tous les secteurs de l’Administration publique.
Que faire des agents dont les profils ne correspondraient pas aux postes organiques disponibles ?
La Fonction publique devra mettre en place, avec le concours de la Banque mondiale ou du Service national, un programme de reconversion et réinsertion du trop plein d’agents restants, en les formant dans d’autres métiers.
C’est seulement après ces opérations que l’on pourra négocier une augmentation de salaire pour les agents et fonctionnaires de l’État.
Quelle place occupe la formation des agents et fonctionnaires de l’Etat dans le processus de réforme de l’Administration publique ?
Il y a un projet prometteur avec l’Institut canadien de développement international (ICDI) qui prévoit d’envoyer en République démocratique du Congo à partir de mis-novembre 2024 trois experts. Ces derniers vont encadrer et former les fonctionnaires de 8 administrations retenues. Il s’agit des Finances, Mines, ITPR, Sénat, Assemblée nationale, Intérieur, Fonction publique et Conseil supérieur de la magistrature.
Deux thématiques ont été retenues: planification, budgétisation et budget programme et; évaluation des performances des collaborateurs en vue de la consolidation de l’ équipe.
L’ICDI exige aux responsables des administrations retenues de régler avant le 31 octobre en cours, les conditions exigées avant de mettre à sa disposition 25 délégués chacune.
Une troisième thématique sera donnée au Canada où chaque administration enverra dix délégués.
Et que dire des droits et avantages des retraités en général et des secrétaires généraux émérites de l’Administration publique en particulier ?
Je peux vous assurer que les retraités en général et les secrétaires généraux émérites de l’Administration publique en particulier faisons totalement confiance à la parole donnée par le président de l’Assemblée nationale, honorable Vital Kamerhe, quant en la prise en compte par la chambre basse du parlement, de nos droits et avantages légaux pendant la session parlementaire budgétaire de septembre 2024.
Nos avantages et droits étant prévus par les textes réglementaires dont les ordonnances 038 et 038 du président Mobutu non encore abrogées à ce jour, nous faisons confiance au gouvernement.
Je profite de l’occasion pour rassurer tous mes collègues secrétaires généraux émérites que les auteurs de la spoliation de notre concession de Gombe-Lutendele seront poursuivis et déguerpis.
Propos recueillis par Junior Lomanga
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