Les rapports, longtemps conflictuels entre le troisième pouvoir constitutionnel en République démocratique du Congo, à savoir, le pouvoir judiciaire et le quatrième pouvoir théorique, la presse, vont peut être s’apaiser. Les représentants de ces deux pouvoirs, d’un côté le président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil supérieur de la magistrature(CSM), Dieudonné Kamuleta, et de l’autre, celui de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Kamanda Wa Kamanda Muzembe, ont eu une séance de travail, jeudi 17 octobre 2024. Plusieurs points ont été abordés, notamment la nécessité de mettre en place des passerelles entre les deux institutions en vue des formations continues au profit des journalistes sur les questions judiciaires.
Indépendant de deux autres pouvoirs constitutionnels, les pouvoirs exécutif et législatif, le pouvoir judiciaire supporte mal, très mal la presse, considérée comme quatrième pouvoir(non constitutionnel).
Le cas du journaliste Patrick Lokala longuement évoqué
On ne compte plus le nombre de fois où de journalistes congolais ont été arrêtés, détenus et poursuivis pour avoir critiqué sévèrement de magistrats. C’est le cas du journaliste Patrick Lokala, arrêté violemment en son domicile par des agents de la police judiciaire qui l’ont torturé et qui l’ont jeté au cachot du parquet de grande instance de la Gombe, où il est poursuivi pour deux affaires de diffamation, l’une impliquant un autre journaliste et l’autre concernant des magistrats.
Son dossier fait partie des sujets évoqués par le président de l’UNPC et le président du CSM, même si rien n’a filtré de la réaction du président de la Cour constitutionnelle, que l’on dit très en colère contre ce professionnel des médias.
C’est cette colère de Dieudonné Kamuleta(qui est pasteur dans une autre vie), qui justifierait le fait que dans le compte rendu de la rencontre, le secrétaire général de l’UNPC, Jasby Wembulu, n’a pas mentionné l’affaire Lokala, alors qu’elle a occupé une bonne partie des échanges.
« Nous avons évoqué plusieurs points. Nous avons commencé par la présentation de l’équipe qui a été nouvellement élue. Nous avons parlé d’un certain nombre d’éléments sur l’actualité. On a évoqué également la formation continue des journalistes pendant cette période. Il faut que nous ayons des journalistes qui traitent les questions judiciaires avec plus d’efficacité et plus de précisions possibles, d’autant plus que les questions judiciaires sont des questions délicates. Les deux partenaires mettront les moyens en place pour pouvoir rendre effectif ce partenariat », a-t-il rapporté.
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A en croire Jasby Wembulu, le président de l’UNPC, Kamanda Wa Kamanda Muzembe et le président du CSM, Dieudonné Kamuleta, ont envisagé l’organisation des
formations de renforcement des capacités des journalistes sur la couverture des sujets judiciaires. Cette collaboration permettra également la mise à niveau régulière du Tribunal des paires de l’Union nationale de la presse du Congo.
Liberté provisoire refusée
Pour revenir au dossier du journaliste Patrick Lokala, il faut dire que le patron de Télé News RDC a passé douze jours au cachot du parquet de grande instance de Kinshasa-Gombe.
En dépit de la violence dont il a été victime lors de son arrestation, les magistrats refusent de lui accorder une liberté provisoire, alors que son avocat, Maitre Nico Fail Mbikayi, a démontré qu’il ne présente aucun risque de fuite et qu’il est même disposé à payer une caution.
Bien plus, l’ordre du ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux, de poursuivre les agents de la police judiciaire qui l’ont arrêté, est resté lettre morte.
Pami Halele