Un jeune qui se faisait passer tantôt pour un sénateur, tantôt pour un député national a été arrêté, ce lundi 21 octobre à Kinshasa. Le cas d’Israël Bongo Lord, du nom de ce jeune qui a réussi à déjouer le dispositif sécuritaire pendant de mois soulève logiquement des questions sur la sécurité des institutions publiques de la République démocratique du Congo en général et sur celle de l’Assemblée nationale en particulier.
C’est une situation alarmante, qui témoigne de la vulnérabilité du pays. Se faisant passer pour un député national, Israël Bongo Lord a participé à plusieurs séances plénières et même au dernier congrès du parlement. Ce faux député national se faisait photographier en plein échange avec des véritables élus du peuple qu’il appelait fièrement «collègues ».
Sur son compte Facebook, on peut trouver des images de sa participation aux séances plénières de l’Assemblée nationale et ses autres activités en tant qu’ «honorable ». Il avait même été reçu officiellement par le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, en tant que « sénateur» et a participé à une conférence-débat à l’Université pédagogique nationale (UPN) en tant que « député national ». Un génie en infiltration.
Selon des témoignages, c’est depuis dix mois, soit depuis le début de la législature 2023-2028, que cet illusionniste des temps moderne joue à la politique comme un magicien, trompant tout le monde.
Il se faisait escorté par une garde rapprochée et curieusement, personne n’a eu le courage, ni au palais du peuple, ni aux activités où il était invité comme député national ou sénateur, de lui demander le nom de sa circonscription électorale.
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Il n’a pu être repéré ni par les agents de l’Agence nationale de renseignement (ANR), ni par ceux du fameux« bureau 2 » qui excellent dans la traque des civils jugés suspects et qui n’hésitent pas à doigter les journalistes. La police nationale congolaise n’a elle aussi rien vu. C’est grâce à la vigilance d’un député national qu’il a été démasqué ce lundi lors d’une réunion à Béatrice hôtel.
Le palais du peuple, un passoire?
Une situation intolérable et surréaliste qui fait penser à Victor Lustig, un célèbre escroc et imposteur, qui vendit la tour Eiffel de Paris en se camouflant en fonctionnaire du gouvernement et fit fabriquer de fausses mises au concours pour la vente du monument symbolique de la capitale française.
Dans un contexte d’agression rwandaise et d’autres menaces sécuritaires qui planent sur la sécurité de la RDC, des têtes doivent impérativement tomber. Car, si les services de renseignements et de sécurité sont incapables de dénicher un infiltré au milieu de 500 députés nationaux, qui ne viennent d’ailleurs presque jamais au complet à l’hémicycle, il y a de bonnes raisons de se poser de questions sur leur capacité à détecter de potentiels infiltrés au milieu de 15 millions d’habitants de Kinshasa.
Jean Pérou Kabouira
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