
Le Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, siégeant en matière répressive, a appelé à son audience de ce jeudi 24 octobre 2024, l’affaire opposant d’une part, le Conseil supérieur de la magistrature au journaliste Patrick Lokala et, d’autre part, Christian Lusakweno de Top Congo au même prévenu. Première audience et premier report.
La faute au non-respect du délai légal de signification de la citation à prévenu par le Tribunal . Les avocats du prévenu ont démontré que les 8 jours francs de la procédure n’ont pas été respectés et le délai de signification n’a pas été observé.
«Le droit réside d’abord dans la procédure. Notre client n’a été saisi qu’hier et on ne peut pas préparer une audience en un jour», a déclaré Me Nico Fay, avocat de la partie civile, en épinglant l’article 62 du code pénal, qui prévoit un délai de huit jours.
Le ministère public, représenté par le procureur Serge Bashonga, s’est rendu compte de la réalité et a, à son tour, demandé le renvoi de l’affaire.
Devant cette évidence, le Tribunal a décidé de renvoyer l’affaire à deux semaines, c’est-à-dire au 7 novembre prochain, le temps de régulariser la procédure.
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Journaliste responsable de Télé News RDC, Patrick Lokala a été arrêté brutalement en son domicile le 7 octobre dernier, devant sa femme et ses enfants. Les agents de la police judiciaire et de l’Agence nationale de renseignements (ANR) ont vandalisé sa maison, largué du gaz lacrymogène avant de l’arrêter et de le torturer. Ils ont par la suite filmé et diffusé sur les réseaux sociaux des scènes de sa torture. Ce qui a choqué plus d’un congolais, y compris le plaignant, Christian Lusakweno, qui s’est empressé de démentir être à la base de son arrestation.
Curieusement, à l’ouverture du procès, le patron de Ton Congo, de nationalité française, a fait bel et bien partie de la partie civile et a été représenté par son avocat. Il a aussi déployé un groupe de reporters de sa radio pour couvrir l’ouverture du procès. Une contradiction de la part de celui qui prétend avoir construit sa notoriété grâce à la « vérité ».
L’instruction de Constant Mutamba bafouée
Pour revenir à l’arrestation du prévenu, l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) s’est inquiétée, dans un communiqué, de l’équité de la procédure et a condamné les actes dégradants infligés au journaliste, dont l’arrestation a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. L’Union a exigé des excuses publiques des agents responsables pour avoir violé la dignité et l’honneur du confrère.
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Dans une déclaration officielle, le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux a ordonné la suspension et l’arrestation des agents impliqués dans les traitements inappropriés de Patrick Lokala, ainsi que ceux ayant filmé et publié des images de l’influenceuse Maria Ntumba lors d’une autre arrestation similaire.
Constant Mutamba a rappelé que « les arrestations ne peuvent en aucun cas être accompagnées de traitements dégradants ». Aux dernières nouvelles, cette instruction est restée sans suite.
Le journaliste Patrick Lokala est poursuivi pour imputations dommageables, harcèlement par le biais d’un système informatique, propagation de fausses nouvelles et outrage à magistrats.
Jean Pérou Kabouira
