Suspendu en 2023 en raison des impératifs liés à l’organisation des élections et à la situation sécuritaire, le processus de mise à la retraite des agents de carrière des services de l’État est relancé. Le vice-premier ministre, ministre de la Fonction publique, modernisation de l’administration et innovation du service public, Jean-Pierre Lihau, a annoncé lors de la dix-neuvième réunion du Conseil des ministres, tenue vendredi 25 octobre à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, la mise à la retraite d’ici à fin 2024, de 10 000 agents et fonctionnaires de l’État. Pour cette troisième vague, quelques précautions sont en prendre afin d’éviter de reprendre les erreurs constatées lors de la première et de la deuxième vague.
Le vice-premier ministre de la Fonction publique s’est voulu le plus précis du monde sur le fait qu’il a engagé l’enveloppe budgétaire correspondante pour la troisième vague de retraite annoncée d’ici la fin de l’année 2024. Il a affirmé que cette dépense a été liquidée, ordonnancée, et que sa mise à disposition interviendra avant la fin de l’année. Ce qui est une excellente nouvelle pour de milliers d’agents qui attendent ce moment depuis longtemps.
Mais attention car, après la deuxième vague de l’opération de mise à la retraite, intervenue en 2022, et qui a concerné 1032 hauts cadres de l’administration publique parmi lesquels 24 secrétaires généraux dont 13 admis à l’éméritat, ainsi que 5 337 autres agents, il avait été relevé des anomalies.
Ces anomalies, que certains experts considèrent comme des erreurs et que d’autres attribuent à la fraude, et qui auraient été constatées également lors de la première vague, se situent à plusieurs niveaux. Il s’agit notamment des écarts considérables des indemnités de sortie entre les retraités de Kinshasa et ceux des 26 provinces; des agents plus âgés suspectés d’avoir manipulé les services du ministère pour continuer à travailler. Ainsi, on trouverait des agents et fonctionnaires de plus de 70 ans encore en service mais de moins âgés retraités.
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Il y aurait également des fictifs et même de décédés sur les listes des retraités. A cela s’ajoute la triste réalité que certains agents retraités sont abandonnés sans soins médicaux décents, ce qui fait peur au personnel éligible à la retraite, poussant certains à remuer terre et ciel pour rester actif jusqu’à la mort.
De garde-fous
« Pour éviter les mêmes erreurs, c’est judicieux d’envoyer à la retraite tous les agents et fonctionnaires ayant atteint 65 ans suivant un calendrier planifier et rationnel, insérer sur la liste des retraités les plus âgés au-delà de septante ans et descendre vers le bas. Il faudra aussi retirer sur le listing tous les fictifs et décédés et publier les listes des agents retraités dans chaque administration, province par province », suggère un directeur au ministère de la Fonction publique.
Il encourage le gouvernement à intégrer l’Inspection générale des finances (IGF) dans le processus en vue de suivre l’ensemble de la paie des retraités.
« La normalisation des salaires décents, les soins médicaux ainsi que les frais funéraires pour les retraités constituent d’autres impératifs à prendre en compte pour une retraite honorable», fait remarquer un chef de division(éligible à la retraite) d’une autre administration.
Pami Halele
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