Actuellement en République démocratique du Congo, soit on est pour, soit on est contre la révision ou le changement constitutionnel. L’analyste politique Claude Batasema Kabi a donné de la voix à ce débat né à la suite de la volonté exprimée par le président de la République, Félix Tshisekedi, de doter au pays, une nouvelle loi fondamentale.
Réagissant en exclusivité sur alternance.cd, ce mardi 26 novembre, ce juriste a donné quelques unes des raisons qui selon lui, justifient la démarche du chef de l’État.
Me Claude Kabi rappelle que, depuis son accession à l’ indépendance, la RDC a connu plusieurs textes fondamentaux ayant régi son fonctionnement.
« Hormis la Charte octroyée, la constitution du 1er août 1964, dite « constitution de Luluabourg », qui définissait un État fédéral au régime parlementaire, le multipartisme et un parlement à deux chambres, a été rédigée par une commission constituée de compatriotes qui avaient comme principale préoccupation, le bien-être du peuple et la bonne marche des institutions. Malheureusement, elle n’avait pas fait long feu et a été remplacée par la constitution de la deuxième République, du 24 juin 1967. Révisée six fois et amendée une fois, cette constitution s’est révélée taillée sur mesure au profit d’un seul homme. Nous avons ensuite eu le décret-loi de mai 1997, l’acte constitutionnel de la transition de novembre 1998 et la constitution de transition d’avril 2003 », explique-t-il.
Il fait remarquer qu’en dehors de la constitution de Luluabourg, toutes les autres(constitutions) étaient dictées par la situation du moment et ne revetaient aucune identité nationale et n’avaient aucune vocation à s’inscrire dans la durée.
«Il en est de même pour la constitution du 18 février 2006 », affirme Me Claude Kabi. Il justifie son affirmation par le fait que les rédacteurs de cette constitution avaient chacun un agenda dicté par son parrain étranger.
«C’est un secret de polichinelle que la constitution en vigueur est l’œuvre des belligérants. Or, chacun d’entre eux était soutenu par une puissance étrangère dont il avait l’obligation de défendre les intérêts dans notre constitution. C’est ce qui justifie des dispositions décriées tels que les articles qui mettent en mal la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », poursuit-il.
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Partant de ce constat, Me Claude Kabi estime que la détermination du président de la République à changer ou à modifier la constitution du 18 février 2006 est dictée par son souci de doter à la RDC, comme Félix Tshisekedi l’a lui-même dit, d’ « une constitution adaptée aux réalités» du pays.
«Il est tout à fait normal et c’est même un devoir pour le garant de la nation, de corriger une situation qui a trop duré. De faire de la RDC véritablement une nation en lui dotant d’une constitution rédigée par les congolais, au Congo, pour le Congo et au service des congolais. Cela permettra de sceller un nouveau pacte social et d’éviter le risque de violation de la souveraineté contenue dans la loi fondamentale », soutient cet analyste politique.
Me Claude Kabi Batasema exhorte « les congolais qui aiment réellement notre pays à analyser cette question en dissociant la personne de Félix Tshisekedi de l’institution président de la République, pour éviter de lui prêter de mauvaises intentions .»
Junior Lomanga
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