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Suspension de l’ADG de la MIBA: ces dérives d’André Kabanda qui ont exacerbé le Conseil d’administration

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La crise qui prévaut à la société Minière de Bakwanga (MIBA) a connu son épilogue avec la suspension, par le Conseil d’administration, de l’administrateur directeur général (ADG), André Kabanda. Alors que ce dernier remet en question le rapport d’audit sur base duquel il a été destitué et dénonce une procédure biaisée, retour sur les griefs retenus contre lui.

Parachuté à la tête de la direction générale de la MIBA après avoir passé plus de trente (30) ans à l’étranger et un triste passage éphémère au gouvernement de la République, André Kabanda a été nommé ADG de la MIBA, une société qu’il ne connaissait que de nom et dans une province dont il ne connaissait pas les réalités. Pour un gestionnaire dans sa situation, compter sur l’expertise de son adjoint, un fils maison, était plus qu’une option: une nécessité. C’est ce qu’il a fait et qui justifierait la reprise timide de la production avec les moyens de bord sous la surveillance du Conseil d’administration, durant quelques mois.

Mais depuis la nouvelle mise en place et le départ de son adjoint, André Kabanda a été rattrapé par son manque d’expérience. Par conséquent, la production est à l’arrêt mais pas que car, les informations en provenance de la MIBA sont pour la plupart négatives.

On évoque notamment de cas de vols présumés de diamants et d’explosifs, opacité dans la gestion des fonds générés par la créance de la MIBA, spoliation de concessions de la société, conflits récurrents avec l’actionnaire minoritaire et entre membres du Conseil d’administration, mauvais traitement des agents et cadres et la liste de bévues présumées n’est pas exhaustive.

Insubordination au Conseil d’administration

Dans cette ambiance morose, l’ADG André Kabanda a été accusé d’avoir changé à sa guise les règles de gestion de la MIBA. Il est également indexé de marchander le nom du président de la République, jusqu’à prétendre qu’aucun organe de la société n’aurait de pouvoir de décision sur la direction générale dont il est le seul patron.

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De ce fait, il aurait ignoré le Conseil d’administration et l’assemblée générale des actionnaires, pourtant au dessus de la direction générale.

« Pour preuve, parti en Europe en décembre 2023 sous prétexte de suivre les soins médicaux, l’ADG avait signé, sans l’autorisation et approbation du conseil d’administration et de l’assemblée générale, un contrat de vente exclusive de la production de la Miba avec la société Centre ville, avec promesse de cession des parts sociales dans l’actionnariat, en échange d’un montant considérable non retracé. De retour au pays, il tentera de faire avaliser a posteriori ce contrat léonin à travers une session du conseil d’administration convoquée par lui, sans l’aval du président du conseil d’administration, pourtant présent à Kinshasa. Sans comptoir agréé à Kinshasa, c’est par des manœuvres dolosives que l’ADG avait attribué à la société Centre ville l’essentiel des lots du tender organisé par la MIBA en janvier 2024. N’ayant pas de capacité financière, cette société s’est révélée incapable de payer le prix de ce tender, préférant à la place, amener le schipment à l’étranger, sans préalablement payer le prix», explique une source interne, qui affirme que c’est le manque à gagner consécutif à cette transaction qui justifie l’arrêt de la production à la MIBA faute d’intrants.

Une source au ministère du Portefeuille indique que ce colis a été finalement vendu à perte de 40% de sa valeur initiale.

« Sans présenter le plan de trésorerie, le prix de vente de ce colis a été dépensé dans une opacité totale. Voilà qui justifie la rechute de la MIBA, qui avait pourtant renoué avec la production», révèle un cadre du Conseil supérieur du Portefeuille.

Épaulé par une milice privée ?

Aussi, André Kabanda est suspecté d’avoir attribué à la société Hydroforce, avec la complicité d’un ancien ministre, un montant de 1.500 000$ dans la créance de la Miba sur l’Etat congolais pour des prestations jamais exécutées par cette société.

« N’eut été l’interposition du conseil d’administration, une tranche de 500.000$ allait être versée à la même société. Ayant choisi désormais d’ignorer son organe d’orientation et de contrôle qui est le conseil d’administration, l’ADG repousse tout contrôle et mission d’enquête initiés par cet organe pour se mettre à l’abri de plusieurs cas de mauvaise gestion présumée et de détournement dont il se serait rendu coupable. La société a enregistré plusieurs pertes financières », lit-on dans un document interne.

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Plus inquiétant, ça se dit de l’ADG de la MIBA qu’il n’exécute aucune résolution ni recommandation du conseil d’administration.

Il compterait sur le collectif des enfants des travailleurs de la Miba, décrit comme une milice privée, dont il se servirait pour exposer les autorités gouvernementales et le conseil d’Administration au mépris du public.

Signe que la confiance est morte entre André Kabanda et le conseil d’administration, l’ADG conteste les prérogatives de cet organe pourtant reconnu par les statuts et l’acte uniforme en ce qui concerne tant la nomination, la suspension et la révocation du directeur général.

Il se réfugerait derrière le ministre du Portefeuille et une mauvaise interprétation des prescrits du décret portant statuts des mandataires publics de 2013, pourtant devenu caduc depuis l’adhésion de la RDC à l’OHADA dont les règles gouvernent les sociétés commerciales.

Inapte intellectuel?

Face à cette dérive et sans résultats escomptés dans l’atteinte des objectifs de la relance de la Miba, le conseil d’administration venait de se ressaisir après le tôlé suscité par le vol des explosifs à la poudrière en date du 17 novembre 2024.

Devant les explications non convaincantes du DG, le conseil d’administration a décidé de l’envoi d’une mission d’enquête sur terrain.

Incroyable mais vrai, André Kabanda aurait du mal à tenir les réunions du comité exécutif de la direction générale depuis qu’il est en fonction et n’aurait présenté un rapport d’activité périodique au Conseil d’administration tel que le recommandent les statuts et autres textes qui gouvernent la société.

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Face à cette évidence, le conseil d’administration a usé du pouvoir lui reconnu par l’article 458 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt économique pour le suspendre à titre conservatoire.

Ce, avant de poursuivre la procédure de révocation prévue par l’article 492 de l’acte sus évoqué, notamment en faisant le rapport à son mandant, qu’est le gouvernement de la RDC pour prise d’acte telle que le veut la pratique de la bonne gouvernance.

Une suspension contestée

Pour l’ADG suspendu, la décision du Conseil d’administration entre en contradiction avec les règles établies.

Ses proches estiment que la suspension d’un directeur général doit suivre un processus formel qui inclut l’approbation présidentielle. Ils évoquent à cet égard, la circulaire du ministre du Portefeuille, qui placerait ainsi une limite à l’autorité du conseil d’administration, qui ne peut révoquer ou suspendre un ADG sans suivre la procédure légale. Le dossier ayant été transmis au gouvernement pour examen, on croise les doigts.

Jean Pérou Kabouira

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