Officiellement parrainé par la ministre de la Jeunesse et d’éveil patriotique, Noëlla Ayeganagato Nakwipone, le dialogue de la jeunesse congolaise sur le changement de la constitution, organisé jeudi 5 décembre 2024 par la plateforme Tous pour le Congo (TPC), s’est terminé en eau de boudin. Incroyable mais vrai, cette activité financée partiellement par un membre du gouvernement s’est transformée en une tribune d’expression populaire contre le changement de la constitution voulu par le président de la République, Félix Tshisekedi.
Un membre du gouvernement qui s’oppose publiquement à une position prise par le chef de l’État, ça arrive rarement. Et quand ça arrive, c’est le limogeage ou la démission qui s’en suit. Mais de membres du gouvernement qui sous-traitent et financent de structures indépendantes pour faire passer de messages par leur canal, ça peut arriver.
Est-ce que le cas de la ministre de la Jeunesse et d’ éveil patriotique ? Difficile de l’affirmer avec certitude au stade actuel.
Ce qu’on le sait, c’est que le coordonnateur de Tous pour le Congo, Rabbi Nkulambe Mole, avait été reçu par la ministre de la Jeunesse. Au cours de leur échange, cette dernière lui a assuré de son soutien pour l’organisation du « dialogue de la jeunesse ».
Leur rencontre a été immortalisée à travers une série d’images publiées sur le compte X officiel du ministère.
« Les meilleures décisions proviennent de profondes réflexions. Nous encourageons cette initiative de M. Rabbi NKulambe qui fera sans doute entendre la voix et la position d’une bonne partie de la jeunesse dans ce débat crucial pour l’avenir de notre pays », peut-on y lire.
Malheureusement ou heureusement (c’est selon), la majorité des intervenants à ce dialogue organisé autour du thème « La jeunesse face à son avenir, pour ou contre la 4ème République ?» ont tiré à boulet rouge sur les défenseurs du projet de changement de la constitution.
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De quoi pousser des observateurs à se poser la question de savoir sur base de quels critères les organisateurs et leur marraine ont choisi les intervenants.
Dialogue ou monologue ?
Il s’est dégagé de ces assises, l’impression que la jeunesse congolaise serait contre le changement de la constitution du 18 février 2006, tellement la quasi-totalité des panelistes se sont opposés à cette initiative. Les pro changement de la constitution ont été numériquement marginalisés par les organisateurs. Or en réalité, il est impossible de dégager une tendance au stade actuel.
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Question: la ministre Noëlla Ayeganagato ne savait-elle pas que quand un membre du gouvernement parraine une activité comme celle-là, il doit mettre ses hommes dans le comité d’organisation pour éviter de couacs? Et si ce membre du gouvernement avait fait sciemment de prendre le contre-pied du président de la République, par le biais de ses amis ?
Dans tous les cas, cette jeune ministre qui ne doit sa présence au gouvernement qu’à la volonté de Fifi Masuka, doit normalement des explications à la première ministre. Reste à savoir si Judith Suminwa Tuluka prendrait le risque de fouler son nez dans le dossier de la protégée de la toute puissante gouverneure du Lualaba.
Pami Halele