Les organisations non gouvernementales et autres organismes qui espèrent voir la République démocratique du Congo supprimer la peine de mort attendront longtemps. Au contraire, leur déception sera grande car, le gouvernement compterait ajouter une autre catégorie des personnes passibles de la peine capitale: les « Kulunas en cravates», autrement dit, les personnes qui font main basse sur les deniers publics.
L’annonce a été faite par le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, au cours d’un briefing, co-animé ce lundi 6 janvier 2025, avec le ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Il était question pour ces deux membres du gouvernement de faire le point de la lutte contre le banditisme urbain plus connu sous le tristement célèbre phénomène Kuluna.
Les chiffres dévoilés sont encourageants: cent vingt-sept (127 ) Kulunas ont été transférés à la prison de haute sécurité d’Angenga, dans la province de la Mongala. Soixante (60) autres ont été transférés à la prison de Luzumu, dans la province du Kongo central. Certains d’entre ont été condamnés à 5, 10 et 20 ans de prison.
Ce qui justifierait la tendance à la baisse de la criminalité dans la ville de Kinshasa ces derniers jours.
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Le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux a fait savoir que la peine de mort sera exécutée dans le strict respect des droits des justiciables et des lois congolaises. Il a soutenu qu’elle est consacrée par l’article 345 du code judiciaire militaire, qui définit les modalités de son exécution.
Constant Mutamba a affirmé qu’au cours des audiences publiques qui ont abouti à la condamnation de plus de 300 bandits urbains, aucun droit d’un mineur n’a été violé, tous les mineurs ayant été mis à la disposition de leur juge naturel.
A chaque État ses réalités
A la question de savoir si la levée du moratoire sur l’exécution de la peine de mort ne constituerait pas un recul en matière des droits humains, il a répondu que le contexte général de la République démocratique du Congo lui impose une attitude distincte de celles des autres pays, qui voudraient se faire passer pour donneurs de leçons.
« Nous ne devrions pas nous complexer de tout ce qui se passe à l’occident. Lorsque la France lève ou supprime la peine de mort, nous aussi nous voulons supprimer(…)Nous sommes parfois dans de débats stériles qui ne répondent pas en réalité aux réalités socio-politico-sécuritaires du pays. Nous sommes un pays en guerre. Nous sommes un pays agressé par le Rwanda. Nous sommes un pays où nous avons de gens qui ont décidé de trahir le pays, des gens qui ont occupé de grandes responsabilités dans ce pays, qui ont décidé de servir la cause de l’ennemi. Face à cela, vous ne dites pas droits de l’homme. On ne lève pas, on ne supprime pas, on n’abolit pas la peine de mort pour faire plaisir aux ONG de défense des droits de l’homme« , a expliqué Constant Mutamba.
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Il a assuré que la peine de mort sera appliquée pour répondre aux impératifs de sécurité du pays.
« Recul par rapport à qui et par rapport à quoi ? Aux Etats-Unis d’Amérique, jusqu’à aujourd’hui on exécute la peine de mort dans plusieurs États fédérés des États-Unis. Est-ce que pour autant qu’il n’y a pas droits de l’homme aux États-Unis ? C’est la première puissance mondiale. C’est le premier pays de l’occident. Mais pourquoi lorsqu’il s’agit de la RDC, on doit chercher de problèmes pour nous ? Nous devons nous assumer en tant que peuple à régler les problèmes de nos compatriotes.
Le phénomène Kuluna est un phénomène réel », a martelé le ministre d’État en charge de la Justice.
Dans la foulée, il a lâché une bombe contre les auteurs de détournements de deniers publics: ils pourront bientôt subir le même traitement devant la justice que les traîtres et les Kulunas.
«Nous envisageons étendre la peine de mort aussi aux détourneurs des deniers publics », a lâché Constant Mutamba.
Décidément, les auteurs de détournement de fonds publics, communément appelés « Kulunas en cravate » méritent le même châtiment que leurs collègues Kulunas ordinaires. Ce ne sera que justice et équité.
Junior Lomanga
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