
La guerre d’agression qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo va forcément impacter négativement la vie de chaque congolais. Lors de la réunion du Conseil des ministres de ce vendredi 31 janvier 2025, le président de la République, Félix Tshisekedi, a ordonné une panoplie des mesures d’austérité pour contribuer à l’effort de guerre.
Selon le compte-rendu, ces mesures portent sur les salaires des différentes catégories des agents publics de l’État, à l’exception des militaires et des policiers et dans une certaine mesure, sur les rémunérations du personnel politique dont les membres du gouvernement, du parlement et des institutions d’appui à la démocratie.
Il s’agit: de la suspension des missions et évacuations sanitaires à l’étranger non essentielles(I); la suspension pour une durée de 12 mois, des augmentations salariales, des corrections de grade et des mécanisations des agents publics de l’État, à l’exception des militaires et des policiers(II); des coupes par palier qui devront être appliquées aux frais de fonctionnement et aux interventions économiques de la présidence, du parlement, du gouvernement, du pouvoir judiciaire et des institutions d’appui à la démocratie(III); les rémunérations des mandataires publics, des membres des cabinets politiques du pouvoir judiciaire et de ceux des institutions d’appui à la démocratie seront également concernées par ces coupes(IV) et; le président de la République a demandé au gouvernement et à son cabinet de lui soumettre des mesures rigoureuses de réduction du train de vie des institutions dans un délai de 72 heures(V).
Coupez surtout les frais de fonctionnement des institutions
En attendant que le gouvernement et le cabinet du président de la République dévoilent les mesures de réduction du train de leur vie, on peut constater que les agents publics de l’État seront les plus affectés.
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Pourtant, il est de notoriété publique qu’en République démocratique du Congo, les frais de fonctionnement des institutions et des ministères consomment une bonne partie du budget national.
A titre d’exemple, au cours du premier quinquennat du président Félix Tshisekedi, soit de 2019 à 2023, près de 7 milliards USD ont été dépensés par le trésor public pour faire fonctionner l’appareil de l’État dont la présidence de la République et le gouvernement avec leur pléthore des conseillers et des ministères.
Selon les chiffres de la Direction générale des politiques et programmation budgétaire contenus dans les états de suivi budgétaire, disponibles sur le site officiel du ministère du Budget, en cinq ans, les frais de fonctionnement des institutions ont connu un dépassement budgétaire de l’ordre de 2,4 milliards USD.
Du coup, d’aucuns pensent que si le gouvernement veut réellement serrer la vis pour soutenir l’effort de guerre, il devrait procéder à des coupes dans la rubrique des frais de fonctionnement. Il pourra ainsi économiser chaque mois plusieurs millions de dollars, plus que ce qui proviendrait des coupes des maigres salaires des pauvres agents publics de l’État.
Anny Kanyama
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