
Alors que la situation sécuritaire continue à se dégrader dans l’est du pays où les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) défendent le pays contre l’armée rwandaise et ses pantins du M23, la solution à la guerre ne serait peut être pas militaire. A l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement, ce mardi 4 février 2025, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a laissé entendre clairement que le dialogue est une des options envisagées actuellement par le président de la République, Félix Tshisekedi.
Depuis la résurgence du M23 en novembre 2021, le gouvernement congolais a maintenu sa position: pas de dialogue avec ce mouvement terroriste soutenu par le Rwanda. Mais l’eau a coulé sous les ponts…
L’armée rwandaise et le M23 ont gagné du terrain. Ils ont notamment pris le contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu où ils ont opéré un véritable carnage dont le bilan encore provisoire est de plus de 2000 morts et de plus de 3000 blessés.
La République démocratique du Congo a beau dénoncer l’agression dont elle est victime. De Washington à Bruxelles en passant par Berlin et Paris, jusqu’à à Addis-Abeba, les langues se sont déliées pour condamner l’agression rwandaise. Mais ces condamnations n’ont changé à rien la situation sur le terrain: l’armée rwandaise et le M23 continuent à massacrer de congolais.
Éviter la balkanisation de la RDC
Selon Vital Kamerhe, le chef de l’Etat fait tout ce qui est à son pouvoir pour sauver le pays et la population congolaise.
« Le président de la République veut épargner les vies humaines. Nous voulons frapper les agresseurs, ils ne sont pas seuls. Il y a derrière eux des puissances là où ils sont faibles», a expliqué, dans une méthode pédagogique, le président de l’Assemblée nationale.
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Il a démontré que le véritable enjeu est la balkanisation de la RDC et Kinshasa veut tout faire pour empêcher que ce plan concocté depuis des décennies se réalise.
« Nous sommes devant un complot où on veut la balkanisation de la RD Congo. Si nous passons notre temps à parler ici, nous allons nous retrouver comme à une époque où le Parlement de Kinshasa siégeait à Lubumbashi, un autre dirigeait Gbadolite jusqu’à Kisangani, et un autre l’Ituri, Goma jusqu’à Kabinda… Il faut interroger le passé », a-t-il déclaré.
Apporter un soutien politique et diplomatique au président
Appelant à la prudence pour éviter la répétition de l’histoire, le speacker de l’Assemblée nationale a rappelé les humiliations qu’avait subies la RDC au Conseil de sécurité des Nations Unies et les efforts consentis par les dirigeants congolais de l’époque pour sortir de la crise qui menaçait l’intégrité territoriale du pays.
« Vous savez combien nous avons souffert au Conseil de sécurité: She Okitundu, le général Etumba, Yerodia Ndombasi, Kikaya Bin Karubi et moi-même pour aboutir à 15 résolutions, avec l’aide de la France parce qu’on parlait de forces non invitées…Avant tout ce temps là, on nous considérait au même titre que les agresseurs», a enchaîné Vital Kamerhe.
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L’histoire étant en perpétuel recommencement, il a exhorté les membres du Parlement à apporter au président de la République et au gouvernement l’aide politique et diplomatique dont ils ont besoin pour faire face à la situation du moment.
La CENCO et l’ECC balisent le chemin
Le décor ainsi planté, le président de la République a exprimé en ces termes ce qui selon lui, est la volonté du chef de l’État :
« Le président de la République veut des sanctions (de 1). Et de 2, le président veut négocier si vous voulez, mais pas vendre le Congo. La seule négociation qui vaille c’est que le Rwanda se retire de la RD-Congo, qu’on respecte la Charte de l’ONU, même de l’Union africaine et des organisations sous régionales. Mais il faut y mettre de l’intelligence ».
Entre-temps, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) mènent des consultations depuis le 3 février avec les animateurs des institutions, la classe politique et les forces sociales de la RDC pour obtenir la cohésion nationale en vue de sortie de crise.
Reste à savoir avec qui le président Félix Tshisekedi pourra-t-il négocier. Avec le M23 ou avec le Rwanda? L’avenir le déterminera.
RD44
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