
La ministre d’État, ministre de l’Environnement et développement durable, Eve Bazaiba, a-t-elle induit en erreur la première ministre ? La question se pose avec insistance au regard du laxisme dont fait preuve Judith Suminwa face aux suspensions et remplacements en cascade de mandataires des services et établissements sous tutelle du ministère de l’Environnement, en violation flagrante des procédures y afférentes. Le cas qui fait le plus jaser actuellement est la suspension du directeur général du Fonds forestier national (FFN) et son remplacement par son un sujet rwandais.
Alors que le président de la République est préoccupé par la recherche des solutions à la guerre d’agression menée contre la République démocratique du Congo par le Rwanda et ses supplétifs du M23, certains membres du gouvernement semblent avoir d’autres priorités. C’est le cas de Eve Bazaiba, ministre d’État, ministre de l’Environnement et développement durable, qui n’a d’yeux que sur les postes de direction occupés par de cadres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi) au sein des établissements publics sous sa tutelle.
Elle a notamment réussi à déboulonner le DG et le PCA du FFN. Elle a placé déjà le curseur sur l’Agence congolaise de l’environnement (ACE).
Ces suspensions s’opèrent avec la bénédiction de la première ministre Judith Suminwa Tuluka, embarquée semble-t-il, aveuglément dans la guerre que mène Eve Bazaiba contre les délégués de l’UDPS dans les établissements et services publics de son secteur.
En effet, selon une source à la primature, avant de suspendre le DG et PCA du FFN, tous cadres de l’UDPS, la minEtat à l’Environnement aurait obtenu le quitus de la première ministre.
En réalité, lors de la nomination des mandataires du FFN, Eve Bazaiba avait obtenu pour son propre compte et celui du MLC, quatre sur six postes au Conseil d’administration.
A l’ACE, elle a placé également ses hommes, toujours sous couvert du MLC.
Elle avait stratégiquement placé ses hommes notamment aux postes de DGA et administrateurs. Profitant de la situation actuelle, elle a suspendu le PCA et le DG, et les a remplacés respectivement par madame Mishika Tshishima Nadine et M. Assani, ses pions.
Un rwandais à la tête du FFN
Gros couacs, et c’est là que ça énerve tout congolais normalement constitué, le nouveau DG par intérim nommé par Eve Bazaiba au FFN est… un sujet rwandais.
Certes, il était là comme DGA, mais seule la ministre d’Etat, ministre de l’Environnement qui l’avait parrainé et recommandé pour nomination connait les raisons pour lesquelles elle l’a fait passer pour un congolais.
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Mais ce n’est pas tout car, la PCA ai est une ancienne directrice de cabinet du vice-premier ministre, ministre des Transports, voies de communication et désenchantement, Jean-Pierre Bemba, chassée par ce dernier et exclue définitivement du MLC pour falsification de signature. Il lui a même ravi le véhicule de fonction.
C’est cette dame sulfureuse que la minEtat Bazaiba a donc désigné comme PCA, en complicité avec la première ministre, contre le PCA issu de l’UDPS.
D’ailleurs, l’autre grande faute reprochée à la ministre d’État à l’Environnement est de prétendre qu’elle a remplacé le PCA pour selon ses dires, « corriger» l’ordonnance présidentielle portant nomination des membres du Conseil d’administration et de la Direction générale du FFN. Elle estimerait que le chef de l’État a violé l’article l’article 10 du décret portant organisation et fonctionnement du Fond forestier national. Pourtant, si c’est vrai, elle devait attaquer ladite ordonnance devant les cours et tribunaux d’ordre administratif.
« Ce qui choque le plus, est que toutes ces bêtises sont cautionées par Judith Suminwa Tuluka, qui par négligence ou consciemment-c’est selon- contribue à fragiliser l’UDPS dont elle est membre et au nom de laquelle elle est cheffe du gouvernement», regrette un conseiller à la primature, qui dit ne pas comprendre comment et par quel pouvoir Bazaiba « domine» Suminwa.
Bien plus, le fait de placer un sujet rwandais à la tête du FFN, quelque temps après l’annonce de l’ambitieux et stratégique projet de couloir vert initié par le président Félix Tshisekedi est un coup visiblement bien préparé et dont les ramifications se situerait au-delà de Kinshasa.
Après le FFN, l’ACE dans le viseur de Bazaiba
L’appétit venant en mangeant dit-on, Eve Bazaiba ne compte pas se limiter au FFN. Selon nos informations, elle a encore manipulé la cheffe du gouvernement et obtenu d’elle l’autorisation de suspendre le DG de l’Agence congolaise de l’environnement (ACE), Delphin Lama.
Là aussi, c’est un cadre de l’UDPS qui est sur le point d’être sacrifié, non pas à cause de sa gestion, mais de la volonté de la ministre d’État au Développement durable, de chasser tous les membres du parti présidentiel de son secteur.
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Pour donner un semblant de légalité à cette démarche, la délégation syndicale de l’ACE se réunit en assemblée générale ce jeudi 13 février 2025, pour la sixième fois en l’espace d’un mois. Incroyable!
« L’arrêté est déjà prêt. Dès qu’elle {Bazaiba} rentré au pays, ça sera publié», croit savoir une source interne.
Face à cette situation, de cadres de l’UDPS lancent un avertissement à la première ministre, lui demandant d’ouvrir les yeux et de stopper sa ministre.
« Sinon, avertit un membre de la Ligue des jeunes de l’UDPS, c’est son poste à elle qui sera menacé car, on ne peut accepter qu’une cadre de notre parti apporte un tel appui à une ministre qui veut remplacer tous les membres du parti présidentiel ».
Comme quoi, Judith Suminwa, visiblement aveuglée, laisse Bazaiba bouffer ses propres fils. Quelle mère ferait preuve d’une telle insouciance à l’égard de ses fils?
Jean Pérou Kabouira