
Lors d’une réunion de haut niveau du Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, tenue ce vendredi 14 février 2025 à Addis-Abeba, le président angolais et facilitateur dans la crise sécuritaire en République démocratique du Congo, João Lourenço, a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre les efforts diplomatiques pour mettre fin à l’escalade de violence. Il a attribué l’échec de l’accord de paix qui devait être signé le 15 décembre dernier à Luanda au président rwandais Paul Kagame, qui avait déserté le sommet.
Sans surprise, le chef de l’Etat angolais a pointé du doigt le soutien du Rwanda(sans le citer implicitement) au M23.
« Ce qui se déroule dans l’est de la RDC, dont les causes sont directement liées à l’action néfaste menée sur le territoire congolais par les forces du M23, qui bénéficient malheureusement d’un soutien extérieur substantiel, sur laquelle il se sent encouragé à mener des incursions militaires qui ont culminé par l’occupation illégale de la ville de Goma, dans la province du Nord Kivu fin janvier », a déclaré João Lourenço.
Pour lui, la chute de Goma aurait pu être évitée si l’accord de paix entre Kinshasa et Kigali prévu en décembre dernier était signé.
«Je note que cette escalade du conflit a été précédée par l’échec de la tenue d’un sommet prévu pour le 15 décembre 2024 en l’absence de son Excellence Paul Kagame, président de la République du Rwanda, qui prévoyait la signature d’un accord de paix entre le Rwanda et la RDC, construit sur plusieurs mois, lors de réunions tenues entre les délégations conduites par les ministres des affaires étrangères du Rwanda et de la RDC, assistées par la médiation angolaise», a soutenu le président angolais.
Il a souligné que « la question du M23 n’est pas objective et directement renvoyée dans le processus de Luanda car il a toujours été compris que les questions relatives aux différentes forces politiques opérant en RDC devraient être abordées dans le cadre du processus de Nairobi».
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Bien qu’il sera bientôt contraint de céder la facilitation à un autre chef de l’État pour se concentrer à ses nouvelles fonctions de président en exercice de l’Union africaine, le président angolais a insisté sur la nécessité de préserver les acquis du processus de Luanda.
«Il n’aura de sens de poursuivre l’effort de pacification dans l’Est de la RDC que si l’engagement sérieux des parties et la cohérence vis-à-vis des engagements pris, afin que le temps et l’énergie ne soient pas gaspillés dans les actions entreprises pour rétablir la paix dans ce pays frère agressé», a martelé João Lourenço.
Et de renchérir que
« je maintiens toute ma disponibilité pour le faire dans le cadre de nos efforts qui se tiendront plus tard, suite au sommet conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la SADC et de la Communauté de l’Afrique de l’est, tenu à Dar es-Salaam le 8 février, nous avons lancé des initiatives qui amèneront les parties à s’asseoir à la table des négociations, pour mettre fin à lui définitivement, par le dialogue, à ce conflit ».
Judith Suminwa appelle le Conseil à l’action
Représentant le président Félix Tshisekedi à cette réunion, la première ministre Judith Suminwa a exhorté le Conseil à agir.
« Ce n’est pas seulement la souveraineté de la RDC qui est en jeu. C’est le fondement même de notre Union et son engagement à protéger les États africains contre toute tentative de prise de pouvoir par les armes », a-t-elle prévenu.
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Ce, après avoir sonné l’alarme en ces termes:
« Ce Conseil ne se réunit pas pour un simple différend diplomatique. Nous sommes ici parce qu’un État membre de notre Union, le Rwanda, a violé les principes fondamentaux de la charte des Nations unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine ».
Junior Lomanga