Durant des années, Joseph Kabila s’est forgé son histoire personnelle autour du silence et d’une insouciance sur toutes les questions politiques du pays. L’ancien président de la République a, depuis son départ du pouvoir en 2019, rarement pris la parole. Ce mutisme, qui est devenu son mode de vie, vient d’être sérieusement ébranlé par lui-même, suite à une interview accordée à un média sud africain, sur la situation politique et sécuritaire en République démocratique du Congo.
Enfin, le taiseux a brisé le silence. Après une absence de la parole publique depuis plus de cinq ans, Joseph Kabila a mis fin à sa légende.
Dans une interview accordée au média sud africain Sunday Times, il a donné sa lecture de la crise en RDC. Il a soutenu notamment que la cause de la crise actuelle en République démocratique du Congo remonte à 2021 et que cette crise est « multidimensionnelle». Elle est d’après lui, sécuritaire, humanitaire, mais également « et plus fondamentalement une crise politique, sociale, morale et éthique ».
Des accusations contre le régime Tshisekedi
L’ancien président de la République accuse son successeur Félix Tshisekedi d’avoir été à la base de cette crise, en rompant la coalition FCC-CACH, et d’avoir de ce fait, rompu le pacte républicain issu du dialogue inter-congolais de Sun-City.
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Joseph Kabila indexe le régime de Tshisekedi aussi d’avoir muselé toute forme d’opposition politique, d’intimidation, arrestations arbitraires, exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé de politiciens, journalistes et leaders d’opinion, y compris des responsables religieux.
Au sujet de la crise sécuritaire, Joseph Kabila n’a pas condamné le Rwanda pour son soutien au M23.
Au contraire, l’ancien chef de l’Etat estime que « toute tentative de trouver une solution à cette crise qui ignore ses causes profondes, à commencer par la gouvernance de la RDC par sa direction actuelle ne pourra pas apporter une paix durable ».
Il s’oppose au soutien militaire de la SADC à la RDC et s’interroge particulièrement sur le rôle de l’Afrique du sud en ces termes:
« Le monde observe pour savoir si l’Afrique du sud, connue pour son humanisme et ses valeurs, continuera d’envoyer des troupes en RDC pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais ».
Violation de la loi pourtant statut des anciens chefs d’État ?
Pour une certaine opinion, à travers cette sortie médiatique, Joseph Kabila a non seulement tué sa légende de taiseux, mais surtout violé la loi du 26 juillet 2018 fixant les avantages et les obligations des anciens présidents de la République.
Ceux qui sont de cet avis soutiennent que l’ancien locataire du Palais de la nation a notamment manqué au devoir de réserve et de neutralité consacré par l’article 4 de la loi susmentionnée.
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A noter qu’il y a quelques jours, la « conseillère en communication» présumée de Joseph Kabila, Barbara Nzimbi, a annoncé que l’ancien président de la République aura bientôt un compte X(ex-twitter) officiel.
Décidément, les congolais devront désormais s’habituer à un Joseph Kabila qui parle, qui donne son avis sur différentes questions touchant à la marque du pays.
Junior Lomanga
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