

C’est officiel: la République démocratique du Congo prendra bel et bien part au dialogue direct avec les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, qui s’ouvre ce mardi 18 mars 2025 à Luanda. Les deux protagonistes, à savoir Kinshasa et le M23 ont accusé réception de l’initiative et des invitations lancées par la présidence angolaise. Tina Salama et Lawrence Kanyuka, porte-paroles respectivement du chef de l’État Félix Tshisekedi et de l’AFC/M23 l’ont fait savoir, l’une à l’Agence Reuters et l’autre sur son compte X officiel. Mais la question qui reste en suspens est celle relative à la composition particulièrement de la délégation congolaise.
Annonçant la participation de Kinshasa, Tina Salama a pris le soin de souligner qu’ « à ce stade, nous ne pouvons pas dire qui composera la délégation ».
De son côté, Lawrence Kanyuka a demandé à la médiation « que toute future correspondance soit adressée à l’Alliance Fleuve Congo (AFC:M23) ». Une manière pour lui de dénoncer l’exclusion par le président angolais Joao Lorençon, médiateur désigné par l’Union africaine dans la résolution de la crise sécuritaire en RDC, de la branche politique de la rébellion, dirigée par Corneille Nangaa.
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La question de la composition de la délégation du gouvernement congolais est capitale d’autant plus que l’issue de ces pourparlers dépendra aussi de la qualité des interlocuteurs. Aussi, les congolais ont la réputation d’attribuer d’autres nationalités à leurs dirigeants au moindre faux pas.
Les leçons du dialogue de Kampala avec le M23
Plus intéressant, l’histoire politique de la RDC renseigne que lors de différents dialogues entre congolais, que ce soit au pays ou à l’étranger, l’opposition congolaise a généralement été représentée.
Ainsi, aux pourparlers entre le gouvernement et la rébellion du M23, tenus entre décembre 2012 et fin 2013 à Kampala sous la médiation du président ougandais Kaguta Yoweri Museveni, la délégation de Kinshasa était dirigée par Raymond Tshibanda, à l’époque chef de la diplomatie congolaise.
Elle était constituée de délégués du parlement, de la présidence de la République, du gouvernement, de services de renseignements et de sécurité, de l’opposition politique et des principales confessions religieuses.
Ce dialogue s’est malheureusement terminé en « eau de boudin», s’il faut reprendre l’expression utilisée par le journaliste Innocent Olenga, DG de Scooprdc.net, dans son ouvrage intitulé: « 20 ans de marche sur les oeufs. Le parcours de combattant d’un journaliste congolais».
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Le gouvernement avait attribué l’échec de la signature d’une « déclaration de fin de guerre et de la rébellion»(le M23 ayant été vaincu militairement sur terrain de bataille), au facilitateur ougandais.
D’aucuns pensent donc que le président Félix Tshisekedi devrait déléguer aux pourparlers de Luanda, des congolais tant du pouvoir que de l’opposition, suffisamment compétents, crédibles, incorruptibles et fins politiques pour défendre la cause de la République démocratique du Congo à Luanda face aux rebelles du M23.
Pami Halele