

Cinq députés nationaux, un sénateur et un ancien député national de la province du Sankuru sont accusés d’avoir détourné l’argent obtenu du gouvernement central pour la sensibilisation des jeunes à adhérer au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). L’accusation émane de la société civile provinciale.
Dans une déclaration faite à Lodja ce mardi 18 mars 2025, la société civile force vive du Sankuru a dénoncé ce qu’elle qualifie de détournement présumé de 45 000 USD destinés au recrutement dans l’armée par un groupe d’ élus du Sankuru.
« En ces jours où la nation congolaise toute entière et la population du Sankuru en particulier déplorent l’agression injustifiée de notre pays par le Rwanda, il revient à la société civile force vive du Sankuru, que 45.000 $ étaient détournés par certains élus nationaux de notre province. En effet, dans le cadre d’une initiative du ministère de la Défense, de mobilisation à l’enrôlement des jeunes Sankurois au sein des FARDC pour faire face à l’agression de notre pays, quelques députés nationaux et un sénateur ont reçu du gouvernement la somme de 50.000 $ comme contribution audit recrutement. Ce montant devait être remis au gouverneur de la province en tournée de sensibilisation pour l’enrôlement des jeunes à l’armée et de collecte de fonds pour l’entretien des recrues. Mais au lieu de servir cet objectif, 9/10 ème de cette somme était dissipée et partagée par ces élus», lit-on dans la dénonciation signée par le président de la société civile force vive du Sankuru, maître Jean-Paul Ndjadi.
Cette structure de la société civile révèle que les députés nationaux et le sénateur incriminés « auraient affirmé avoir utilisé le reste pour organiser l’accueil du vice-premier ministre, ministre de la Défense, qui a passé deux heures seulement à l’escale de Lodja, en route pour Mbuji-Mayi ».
Elle estime que la descente de ces élus, à savoir les députés nationaux Daniel Aselo, Francis Ilunga, M. Lomasa, Emmanuel Ompeta, Célestin Ekoto ainsi que le sénateur Jules Lodi, y compris le député national honoraire Jean-Charles Okoto, n’aura été qu’un prétexte pour se départager cette somme d’argent.
« Elle condamne pareille inconséquence politique face au danger de balkanisation qui menace notre pays et engage les instances de contrôle et judiciaires compétentes à se saisir de cette dénonciation pour enquêter que cette présomption de prévarication afin de mettre un terme à la destruction des capacités de défense de la RDC », conclut la société civile force vive du Sankuru.
La réaction du gouverneur Victor Kitenge
Les accusations étant graves, alternance.cd a pris le soin de contacter d’autres sources pour en savoir plus.
D’abord, le gouverneur du Sankuru, Victor Kitenge, qui depuis Lusambo, a refusé d’affirmer ou d’infirmer la remise par le gouvernement central, de la somme précitée aux élus nationaux Sankurois incriminés.
Toutefois, il a reconnu au téléphone d’alternance.cd, que de retour de son itinérance dans la province, ses services ont reçu la somme de 5000 USD (dollars américains cinq mille) des mains de la délégation des élus en mission dans la province, pour « préparer l’ accueil» du vice-premier ministre, ministre de la Défense à Lodja.
« Ce n’est que plus tard, a expliqué le gouverneur Victor Kitenge, que j’ai appris qu’ils auraient reçu de Kinshasa la somme de 50.000 $. Mais je ne peux pas affirmer que c’est vrai ou faux ».
Le démenti des députés nationaux incriminés

Votre rédaction a ensuite contacté une source au ministère de la Défense, qui a laissé entendre qu’ « une somme d’argent aurait été remise à un groupe d’élus nationaux du Sankuru », sans en dire plus, « étant donné que ce sont des fonds secrets liés à l’effort de guerre ».

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Contacté, un des députés nationaux incriminés a réfuté les accusations de détournement. « Nous étions mandatés par le bureau de l’Assemblée nationale pour une mission parlementaire. Celle-ci a été prise en charge par le trésor public. Que celui qui a des preuves d’un quelconque détournement les brandisse. Sinon, ce sont des accusations mensongères dont les auteurs devraient s’attendre à d’ éventuelles poursuites judiciaires », a-t-il réagi sous couvert d’anonymat.
Un autre député de la délégation parle lui, « d’une cabale tendant à ternir notre image en perspective du prochain remaniement ».
A la question de savoir combien ils auraient reçu pour la sensibilisation de la jeunesse du Sankuru à adhérer dans l’armée, ces députés nationaux ne disent mot, mais ils se contentent de démentir les accusations de détournement.
Junior Lomanga