

Il se serait fait passer pour un envoyé spécial du président américain Donald Trump en Afrique centrale et a été reçu par des chefs d’Etat comme tel. Il a eu droit aux honneurs et même à des confidences généralement réservées aux diplomates de haut niveau. De retour dans son pays, il a profité d’une réunion d’une commission du Congrès américain pour faire porter aux dirigeants congolais la responsabilité de la guerre d’agression et de la dégradation de la situation sécuritaire dans l’est de la RD-Congo. Heureusement que l’ambassade des États-Unis à Kinshasa est rapidement montée au créneau pour stopper cette imposture, en dévoilant la tromperie de Ronny Jackson.
On a connu un congolais qui se faisait passer à la fois pour un pasteur, sénateur, député national, mécène et bien d’autres fonctions qu’il n’ a jamais occupées. On connaît désormais un ressortissant américain, de surcroît membre du Congrès, qui a menti aux plus hautes autorités congolaises.
Ronny Jackson, parce que c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas été mandaté par le président américain pour le représenter en Afrique centrale.
Dans un communiqué publié ce mercredi 26 mars 2025, l’ambassade des États-Unis en République démocratique du Congo a précisé qu’il est un représentant élu du Congrès américain et n’est pas un envoyé spécial.
« L’ambassade voudrait clarifier que Monsieur Ronny Jackson est un représentant élu du Congrès américain et n’est pas un envoyé spécial, qui est une position nommée par le Président et confirmée par le Sénat. Il est venu à Kinshasa en tant que membre de la commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants (ainsi que du sous-comité de l’Afrique). Ni l’ambassade, ni le Département d’État ne l’ont jamais appelé par ce titre avant, pendant ou après sa visite», indique le communiqué.
La mise au point est faite après que Ronny Jackson a fait des déclarations controversées sur la crise sécuritaire dans la région des Grands lacs.
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En effet, ce parlementaire américain a notamment soutenu que « l’est de la RDC est une zone totalement non gouvernée » et que le M23 a devant lui un grand boulevard car, il n’y a pas de « réelle opposition » en face.
Il s’est même permis de proposer que les dividendes économiques des ressources naturelles de l’est de la RDC soient partagées avec le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
La présidence congolaise interpellée

Question : pourquoi l’ambassade américaine à Kinshasa a-t-elle attendu que Ronny Jackson fasse de déclarations, de retour aux États-Unis, pour clarifier sur la nature de sa mission en Afrique?
Pourtant, lors de la rencontre entre lui et le chef de l’État congolais, l’ambassadrice américaine en poste en RDC, Lucy Tamlyn était à ses côtés. Heureusement que l’ambassade a précisé qu’elle ne l’a jamais appelé « envoyé spécial».
Reste à savoir comment la présidence de la République s’est-elle laissée manipuler à ce point au point.
Anny Kanyama
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