
Tué, d’après son collègue et d’autres témoins oculaires, par les gardes de la première ministre Judith Suminwa Tuluka, l’agent de la Police de circulation routière (PCR) Kabeya Senda Fiston semble ne pas bénéficier de l’attention qu’il lui faut. Un peu plus de quarante-huit heures après son meurtre horrible en plein jour, c’est le silence radio de la cheffe du gouvernement alors que son nom revient sur toutes les lèvres.
Plus inquiétant, même les organisations de défense des droits humains, connues pour leur témérité, ne pipent mot. Seule petite note positive: Le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, a instruit l’auditeur supérieur de la Gombe « d’appréhender et d’engager des poursuites en flagrance contre les auteurs de ces actes barbares, afin qu’ils subissent la rigueur de la loi« .
Néanmoins, il est difficile d’espérer qu’une telle injonction aurait effet et surtout viserait les véritables coupables quand on sait que depuis qu’il est dans le gouvernement, les intentions de Constant Mutamba dépassent de loin ses actions.
Un policier en plein exercice de ses fonctions de régulation de la circulation routière qui se ferait lâchement molester et tuer par ses collègues policiers commis à la sécurité de la première ministre de son propre pays ? L’histoire fait froid au dos.
Pourtant, elle ne s’est pas déroulée dans une zone occupée par les rebelles de l’AFC/M23 et l’armée rwandaise.
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Le brigadier de 1 ère classe Fiston Kabeya Senda a eu le mal, selon des témoins, d’avoir été affecté par ses supérieurs dans une artère où le cortège de la première ministre allait passer en sens contraire.
Alors qu’il saignait visiblement encore à la morgue de l’hôpital militaire du Camp Kokolo, la Police nationale congolaise (PNC) qu’il a servie loyalement et dignement a appelé « la population à ne pas céder à la manipulation et à la désinformation« . Comme si ce policier aurait fait semblant de mourir pour créer un buzz. Quelle cruauté !
Plus grave, il nous revient d’apprendre que les services d’une autorité de la place travailleraient actuellement pour présenter toutes les vidéos de la torture de feu Fiston Kabeya et du témoignage de son collègue comme des infox. Des espaces auraient déjà été réservés sur des plateaux de télévision pour passer à l’offensive dès ce soir.
D’aucuns pensent que la première ministre ferait mieux de prendre la parole pour ne serait que livrer sa version des faits. Et dire qu’au-delà de ses fonctions, Judith Suminwa Tuluka est une épouse et mère de famille….!
Jean Pérou Kabouira