

La société civile du Togo est farouchement opposée à la désignation de Faure Gnassingbé en tant que médiateur de l’Union africaine à la crise entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Plusieurs organisations dénoncent ce qu’elles qualifient de son manque de crédibilité et ses atteintes aux principes démocratiques dans son propre pays.
L’UA a officialisé samedi 12 avril 2025, la désignation du président togolais Faure Gnassingbé comme médiateur à la crise sécuritaire et diplomatique entre Kinshasa et Kigali, en succession de son homologue angolais João Lourenço, président en exercice de l’Union africaine, qui pilotait la médiation.
Au Togo, la nouvelle semble réjouir seulement le gouvernement, qui par l’entremise du ministre des Affaires étrangères, a exprimé sa « profonde gratitude» au bureau de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, ainsi qu’au chef de l’État angolais, médiateur sortant.
Pour la société civile togolaise en revanche, Faure Gnassingbé n’est pas l’homme de la situation.
En effet, dans une lettre adressée à l’UA, une quinzaine d’organisations de la société civile du Togo ont affirmé que leur président de la République « n’a pas la crédibilité nécessaire pour gérer un tel dossier ».
Les signataires parmi lesquels le Front citoyen Togo debout, Novation internationale, Femme pyramide, CTSD, Well-Togo ou encore Mouvement Martin Luther King exhortent les instances continentales à reconsidérer cette proposition et à désigner un médiateur dont l’intégrité, la neutralité et l’expérience seraient garantes d’un processus de paix authentique et durable entre la RDC et le Rwanda.
Lire aussi M23, Mobondo, bras de fer pouvoir-opposition: le spectre d’une grande instabilité
Même son de cloche du côté du mouvement Freedom Togo-MLN, qui considère que l’UA est allée à l’encontre de ses principes fondateurs, en désignant Faure Gnassingbé pour assurer la médiation entre la RDC et le Rwanda.
« Cette décision suscite en nous une profonde consternation, une vive inquiétude, et une opposition formelle, car elle va à l’encontre des principes fondateurs de l’Union africaine et des exigences morales requises pour assumer une telle responsabilité de médiation sur notre continent. Comment l’Union Africaine pourrait-elle confier une telle mission à un imposteur qui, depuis son arrivée à la tête du Togo foule aux pieds les principes mêmes qu’elle proclame et défend ?», s’est indigné le mouvement Freedom Togo-MLN, dans une missive adressée à l’organisation panafricaine.
Anny Kanyama