
Bousculé par certains de ses collègues hauts conseillers qui l’accusent d’une gestion opaque et, suspecté par ses administrés qui broient du noir depuis plus de deux ans, de bouffer seul, le président du bureau du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Christian Bosembe, a porté les doléances des uns et des autres auprès du président de la République, Félix Tshisekedi.
Lors de la célébration de la 32 e journée mondiale de la liberté de la presse, présidée lundi 5 mai 2025 par le chef de l’État, il a étalé à l’attention de ce dernier, la situation sociale misérable et inhumaine du personnel de son institution.
Les Kinois d’un certain âge se souviennent des « papa de l’Onatra», terme employé pour désigner au sens péjoratif, les agents de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), ex-Office national des transports (ONATRA) à l’époque où ils alignait plusieurs années d’arriérés de salaire.
Depuis plus de deux ans, la situation des cadres et agents du CSAC est presque similaire.
Mais à la différence de leurs parents et grands-parents de l’ex-Onatra qui avaient des bureaux et des bâtiments où travailler décemment même sans salaire, la plupart d’entre eux n’ont pas de bureaux.
La faute à l’État congolais qui, d’après Christian Bosembe, ne soutient pas cette institution alors qu’elle est sollicitée de temps en temps.
« Sur le terrain, les agents du CSAC travaillent dans des conditions précaires. En dépit de leur engagement, l’institution, pourtant essentielle à la démocratie, demeure l’une des moins soutenues par l’État…mais toujours plus sollicitée », a déclaré le président du CSAC.
60% des agents non payés depuis 21 mois

S’adressant directement au président de la République, qui était assis à quelques mètres du pupitre où il prononçait son discours, Christian Bosembe a fourni quelques chiffres qui démontrent que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication est une institution réellement abandonnée et dont le personnel croupit dans la misère.
« Ce déséquilibre alimente de frustrations internes et de dysfonctionnements alors que depuis la signature du nouveau barème salarial en juillet 2023, soixante pourcent (60%) des agents cumulent 21 mois d’arriérés de salaire tandis que 40% reçoivent des rémunérations précaires, faute d’application effective du barème. Une situation qui fragilise sérieusement la motivation du personnel du CSAC », a-t-il révélé, chagriné.
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Il a pris le soin de signaler qu’en dépit de ce manque criant de moyens financiers et logistiques, le CSAC fait de son mieux pour s’adapter à l’environnement médiatique dicté par l’évolution technologique.

« Le CSAC ne peut pas se limiter à réguler seulement les médias traditionnels. Il doit étendre son champ d’action dans les plateformes numériques où circulent actuellement la majorité des contenus informationnels. Cela suppose un renforcement structurel notamment par la modernisation du centre de monitoring mais aussi du service Alerte numérique, qui veille et lutte efficacement contre les fakenews et assure la traçabilité des informations. Pour cela, les formations continues et un véritable plan de renforcement des capacités doivent être mis en place », a fait savoir le président du bureau du CSAC.
Ce, avant de prendre son courage pour appeler, très ému, les pouvoirs publics à prendre « des mesures concrètes pour doter le CSAC des moyens nécessaires à l’exercice de ses fonctions ».
Pami Halele
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