
Le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, est dans le dur dans l’affaire de la construction d’une prison de haute sécurité à Kisangani, province de la Tshopo. Alors qu’il dément la signature d’un contrat de gré à gré de 39 millions USD avec l’entreprise Zion construction Sarl, deux députés nationaux lui demandent des explications. Cerise sur le gâteau, une correspondance de la première ministre Judith Suminwa confirme qu’il a bel et bien signé ce marché.
Une vague de correspondances inonde les réseaux sociaux depuis le déclenchement de l’affaire de la construction de la prison de Kisangani. A en croire certaines de ces correspondances, démenties par le cabinet du ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux, ce dernier aurait signé un contrat de gré à gré avec l’entreprise susmentionnée, après avoir sollicité de la première ministre l’approbation dudit contrat.
Pour avoir le cœur net, les députés nationaux Fontaine Mangala et Willy Mishiki ont visé depuis mercredi 14 mai 2025, ce membre du gouvernement par deux questions avec débat à l’Assemblée nationale. Le premier, se basant sur les articles 100 et 138 de la Constitution, dénonce les irrégularités qui selon lui, entachent la procédure de construction de la prison de Kisangani dont il est élu. Fontaine Mangala cherche à avoir des explications claires sur la confusion entourant le décaissement ou non de 39 millions USD, sans une passation régulière des marchés publics.
De son côté, le député national Willy Mishiki soupçonne un possible détournement dans cette affaire. Il base ses soupçons sur des contradictions entre la mise au point du ministère de la Justice et le communiqué du ministère des Finances sur le même dossier.
L’élu de Walikale exige aussi des clarifications des ministres des Finances et du Budget.
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Le ministère des Finances a déjà réagi, en affirmant que l’ordonnateur national n’a procédé à aucun paiement pour la construction d’une prison à Kisangani.
Judith Suminwa livre son ministre
La polémique est partie de la publication d’une correspondance de la Cellule nationale des renseignements financiers (CENAREF), adressée à la première ministre pour lui annoncer l’ouverture d’ « une enquête à la suite d’un paiement, en date du 16 avril 2025, au titre de « lancement des travaux de construction d’un établissement pénitentiaire dans la ville de Kisangani », de la somme de 19.900.000 USD sur le compte de la société Zion construction Sarl, compte ouvert un jour avant en les livres de la Rawbank ».
Rapidement, le cabinet du ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux a dans une mise au point, indiqué qu’ « aucun contrat de 39 millions USD n’a été signé par le ministère de la Justice » et, qu’ « aucun fonds n’a jusqu’ici été décaissé du compte du ministère de la Justice ou du Trésor public ».
Même son de cloche du ministère des Finances, qui a précisé qu’ « aucun paiement n’a été effectué par le Trésor public ou à partir d’un compte relevant de sa gestion en rapport avec le projet de construction d’une prison à Kisangani, contrairement aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux ».
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Nouveau rebondissement ce jeudi 14 mai 2025, avec la publication d’une correspondance adressée en date du 8 mai dernier par le directeur de cabinet de la première ministre, au ministre d’État, ministre de la Justice, en rapport avec la même affaire.
« Son Excellence madame la première ministre, cheffe du gouvernement, me charge d’accuser réception de vos lettres mieux identifiées en concerne relative au contrat de gré à gré signé entre votre ministère et la société Zion construction Sarl, et de vous en remercier», a écrit Michael Lukoki Nsimba, directeur de cabinet de la première ministre.
Il a fait savoir à Constant Mutamba que la cheffe du gouvernement, Judith Suminwa Tuluka attend de lui, en toute urgence ci-après:
Le dossier de passation et tous les avis connexes; le rapport d’analyse des offres; le procès-verbal d’attribution provisoire; le procès-verbal de clôture des négociations; les preuves de marchés similaires réalisés par l’attributaire; la motivation du choix du mode de passation de gré à gré alors que ce marché devrait être passé en liste restreinte; le bordeau de prix ainsi que détail quantitatif et estimatif; les documents administratifs de la société attributaire du présent marché; les plans et dessins du bâtiment ainsi que les études du bâtiment.
La réaction du cabinet du ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux à ce rebondissement est attendue.
Pami Halele