
L’Assemblée nationale a mis en place, mercredi 21 mai 2025, une commission spéciale chargée d’auditionner le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, en vue d’autoriser ou non l’ouverture de l’information judiciaire à son encontre, à la demande du procureur général près la Cour de cassation. Il est suspecté de détournement présumé de 39 millions USD destinés à la construction de la prison de Kisangani, dans la province de la Tshopo.
Dans son réquisitoire, le PG près la Cour de cassation, Firmin Mvonde accuse Constant Mutamba d’avoir ordonné le versement de 19 millions USD du Fonds de réparation des indemnisations des victimes des activités illicites de l’Ouganda en République démocratique du Congo (FRIVAO) sur le compte de la société Zion construction Sarl, nouvellement créée et bénéficiaire du marché de gré à gré de la construction de la prison précitée. Il l’accuse aussi de défaut de procédure de passation de marchés publics.
Ce réquisitoire intervient après la publication sur les réseaux sociaux, d’un tas de documents compromettants sur la gestion du ministère de la Justice par Constant Mutamba, lui qui a littéralement terrorisé de magistrats et la classe politique par ses réformes courageuses et tapageuses, annoncées généralement avec fracas.
On se souvient notamment de la dextérité avec laquelle le ministre d’État en charge de la Justice avait ordonné le lancement d’une enquête, en novembre dernier, suite aux informations sur l’acquisition par le PG près la Cour de cassation, d’un bien immobilier de 900.000$ en Belgique.
On ne peut pas non plus oublier ses communiqués intempestifs d’injonction pour l’ouverture des enquêtes sur divers faits, lesquelles ont malheureusement été rarement ouverte.
Récemment, le jeune ministre s’est montré intrépide en ordonnant à la justice militaire de poursuivre l’ancien président de la République et sénateur à vie Joseph Kabila, pour sa complicité présumée avec les rebelles de l’AFC/M23 et le Rwanda.
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Constant Mutamba aurait sollicité, d’après des documents qui ont fuité dans la presse, une somme importante avoisinant un demi million USD pour le procès de l’ancien chef de l’État. Ce qui a contribué à ternir son image dans l’opinion, après la rocambolesque affaire de 39 millions USD.
Bouffé par le système ?
Pour revenir au réquisitoire du PG près la Cour de cassation, il faut signaler que le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a annoncé la mise en place d’une commission spéciale qui devra auditionner le ministre d’Etat, ministre de la Justice et le procureur général près la Cour de cassation avant une éventuelle autorisation de l’ouverture de l’information judiciaire à son encontre.
« Nous allons demander aux différents présidents des groupes parlementaires de nous désigner par écrit aujourd’hui même un membre du groupe qui fera partie de la Commission qui va auditionner le ministre d’État, ministre de la Justice après que le procureur général ait présenté son réquisitoire et ça vous reviendra maintenant en plénière pour autoriser l’instruction », a annoncé le président de l’Assemblée nationale.
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Dans l’opinion, des commentaires vont dans tous les sens. Si certains congolais sont convaincus de la culpabilité de Constant Mutamba et appellent à ce qu’il soit jugé et condamné, d’autres estiment que le jeune ministre se serait attaqué aux plus forts que lui et son courage, solidement installés et soutenus par un système politique dont les membres se protégeraient mutuellement.
Anny Kanyama