
Le Sénat a voté, à une majorité écrasante, ce jeudi 22 mai, la levée des immunités de l’ancien président et sénateur à vie Joseph Kabila. Ce dernier est désormais livré à la justice militaire, qui veut engager des poursuites à son encontre pour sa présumée complicité avec les rebelles de l’AFC/M23 et le Rwanda. Un tournant historique et surtout un vote qui ferme en quelque sorte les portes du pays à l’ancien chef de l’Etat, à l’étranger depuis 2023.
« Par conséquent, le Sénat autorise les poursuites et la levée de l’immunité de Joseph Kabila, sénateur à vie ». C’est en ces termes que président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, a annoncé le résultat du vote lors de la session plénière retransmise en direct à la RTNC ce jeudi.
Sur les 95 sénateurs participants, 88 ont voté pour la levée des immunités de Kabila, cinq contre et trois se sont abstenus.
Ce que la justice militaire lui reproche
Invité à être entendu par la commission spéciale chargée d’examiner en fond le réquisitoire de l’Auditeur général près la Haute Cour militaire, relatif à la levée de ses immunités parlementaires, Joseph Kabila, absent au pays depuis 2023, ne s’est pas présenté. Il n’a pas non plus été représenté par ses avocats.
A la plénière également, il a brillé par son absence. Ce qui n’a pas empêché la commission spéciale d’exposer dans son rapport, les infractions mises à charge de l’ex-chef de l’État congolais. Il s’agit de: « participation à un mouvement insurrectionnel par ses liens présumés avec le M23/AFC et les conseils fournis à ses dirigeants; trahison, pour le soutien au projet de renversement des institutions constitutionnelles en collusion avec une puissance étrangère; participation a des crimes de guerre en raison de l’appui supposé à une organisation armée responsable de violations grave du droit international humanitaire ».
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D’après la commission spéciale, l’auditeur général de la Haute Cour militaire a évoqué parmi les preuves de la complicité de Joseph Kabila avec les rebelles de l’AFC/M23, « le témoignage de M. Éric Nkuba, co-fondateur de l’AFC, (qui) a assisté en personne à l’échange téléphonique entre Kabila et Nangaa (NDLR: leader de la rébellion de l’AFC-M23) à Kampala ».
Un témoignage jugé crédible et constant, notamment parce que « recueilli également par la CPI ».
Avec ces accusations et la levée de ses immunités, Joseph Kabila est désormais condamné à rester loin de la RDC. Quant à la justice militaire, elle va dans les prochains jours donner la suite à la procédure.
Jean Pérou Kabouira