L’ancien président de la République démocratique du Congo a brisé le silence après six ans. Dans un discours de plus de quarante minutes diffusé en direct sur YouTube, Joseph Kabila a embrassé tous les domaines de la vie nationale. Il attribue les contre-performances des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) face aux rebelles de l’AFC/M23 et à d’autres groupes armés, à la mauvaise qualité du commandement.
Au lendemain de la levée de ses immunités parlementaires par le Sénat, l’ancien chef de l’Etat et sénateur à vie a repris la parole politique, justifiant son silence par un « devoir de réserve », tout en légitimant son intervention par la gravité de la situation actuelle. Il dit vouloir éviter d’ « être poursuivable devant le tribunal de l’histoire pour non-assistance à plus de cent millions de compatriotes en danger« .
Il affirme avoir légué à son successeur un pays réunifié doté d’une économie résiliente et s’être imposé le devoir de réserve en dépit des attaques et provocation subies.
Joseph Kabila a dressé brièvement l’état de l’Etat congolais tel qu’il l’aurait laissé à Félix Tshisekedi, avant de critiquer la gestion de ce dernier. Il a épinglé notamment ce qu’il a qualifié d’un coup d’Etat institutionnel {reconstitution de la majorité parlementaire en plein mandat en 2021}, la dégradation de l’économie, l’aggravation de la situation sociale, le tribalisme et le népotisme, la violation de la constitution à travers la concentration du pouvoir présidentiel et le recours à de milices et mercenaires en lieu et place de l’armée loyaliste.
Lire aussi Ce qu’il faut savoir sur Banza Mwilambwe Jules, nouveau chef d’état-major des FARDC
Au sujet précisément de l’armée, Joseph Kabila indexe le commandement militaire d’être la cause des contre-performances des soldats sur le terrain.
« Je connais nos soldats, boucs émissaires aujourd’hui de toutes les contre-performances enregistrées sur le champ de bataille. Ils ne sont pourtant pas intrinsèquement moins bons, ni moins nationalistes, ni moins loyaux. Ce qui a changé entre-temps, c’est la qualité du commandement et de leur prise en charge », a déclaré l’ancien président de la République.
Cette déclaration dédouane la base militaire, qu’il décrit comme loyale et nationaliste, en reportant la responsabilité sur les décideurs militaires et politiques actuels.
Pami Halele
